Simon Fichet – A la chasse à la tornade

Les expériences personnelles sont souvent pleines de surprises. Impossible d’imaginer que l’homme devant le public attentif de La Boussole puisse avoir porté le masque d’un chasseur de tornades.


Mystère et journalisme

Lunettes arrondies, l’air sympathique, barbe bien taillée, la quarantaine, Simon Fichet a, pendant douze jours, suivi pour un reportage France 2, deux chasseurs de tornade français sur la bande centrale des États-Unis, de l’Oklahoma au Texas. Une idée de l’un de ses amis, Alexandre Paré. A cette aventure, il consacre un roman : Tornade, où il évoque les angoisses qu’il a traversées durant la période de production et de réalisation. Journaliste reporter d’images de métier, Fichet a déjà travaillé sur des affaires éprouvantes. Avec Alexandre, ils suivent notamment les émeutes de Fergusson entre 2014 et 2015, mais aussi les attentats du 13 novembre.  Il confie sans difficulté la nécessité des journalistes à bénéficier d’un suivi psychologique. Les témoignages sont aussi difficiles à assimiler que les images.


Affronter ses angoisses

Sur ce tournage, Fichet est responsable des images de paysage. Il est seul dans sa voiture et « ça nourrit ses angoisses ». La communication avec les fourgons de l’équipe est souvent difficile, les téléphones portables ne captent pas et leurs talkies-walkies les limitent rapidement.  Avançant en convoi et alors qu’ils peinent à trouver une tornade, ils décident de prendre des risques et pénètrent dans un orage. La pluie est torrentielle et le niveau de la rivière qu’ils suivent augmente significativement. « Je ne vois plus rien autour de moi, je ne sais rien de la situation météo, une tornade peut surgir à tout moment. On roule vite. » Ils passent dans d’énormes flaques, la voiture se plante dedans. Finalement, ils décident de traverser un pont de 3 km presque recouvert. Ils sortent sains et saufs de cette aventure. Plus tard, l’apprenti chasseur apprendra que la tempête a emporté 35 vies.


Une aventure hantée ?

L’objectif final est atteint au bout du douzième jour, ils parviennent à enregistrer une tornade à 2 kilomètres d’eux dans un endroit qu’ils pensaient désertique mais qui était en réalité un chantier de pétrole. « Alors qu’on regardait cette grande tornade, une tornade plus petite passait à trois mètres de nous. Une rafale énorme m’a fait tomber. » Cependant, le résultat final du reportage ne satisfait pas Fichet. « Il ne met pas en avant notre aventure et nos échecs. On a vécu des choses fortes humainement mais aussi physiquement. » Le journaliste souhaite alors exprimer le vent, l’humidité, le bruit, des phénomènes imperceptibles à la caméra. C’est avec les mots que je suis parvenu à les rendre vivants. « J’ai écrit des carnets pour moi, en reconstituant le fil du voyage. J’avais la sensation d’une rencontre mystique qui m’était difficilement compréhensible. » Si cette rencontre a longtemps hanté Fichet avec la crainte que la tornade se venge, l’écriture de son livre lui a donné de nouvelles aspirations littéraires et l’envie de partager ses aventures.