Les journalistes confrontés à la fiction

Au sommet de la Tour de la Liberté, une rencontre au titre singulier, « S’évaporer », s’est tenue ce samedi 5 octobre. Le public découvrait deux journalistes romanciers : Chloé Aeberhardt et Alexandre Duyck, venus présenter respectivement « C’est là que vous disparaissez » et « Avec toi je ne crains rien ».

Ce n’est pourtant pas un thème ésotérique qui sera abordé ici. L’anastomose qui associe les deux œuvres est alimentée par la thématique de la disparition. Elle dessert de manière sous-jacente des concepts viscéraux : la quête de la liberté et le rapport à la société. Le roman d’Aeberhardt met en scène une brillante journaliste dont on a découvert qu’elle avait bidonné certains de ses reportages. Elle cherche alors à fuir le scandale en Suisse. La disparition du personnage est volontaire. Dans « Avec toi je ne crains rien », Duyck
reprend une histoire vraie, celle d’un couple dont les corps enlacés ont été retrouvés à plus de 2 500 mètres d’altitude dans les Alpes.

La disparition du personnage du journaliste décadent est volontaire. Sa créatrice avoue avoir été inspirée par ses propres pulsions. Un besoin de se défaire de son identité sociale, de ses engagements familiaux, de ses liens. « Dans nos sociétés favorisées, nous sommes maitres de notre propre existence mais cette condition suscite le poids d’une certaine responsabilité ». Les deux journalistes avouent parfois se sentir bridés par le réel. Cette recherche autour de la fiction leur ouvre de nouvelles perspectives d’écriture. Les deux auteurs mélangent la réalité à la fiction, ils évoquent leurs inspirations mais choisissent régulièrement de s’en éloigner, de créer des personnages qui leur parlent davantage. Les deux journalistes, alors qu’ils écrivent sur la réalité, choisissent de la fuir pour entrer dans leur imaginaire, un imaginaire qui déclenche la fascination par leur aplomb et leur liberté.
 
Ils questionnent tout deux les faux semblants, les rumeurs destructrices. Être soi, est-ce se libérer des injonctions sociales ? Ne reproduit-on pas toujours les mêmes schémas ? Peut-on se réinventer et s’extraire du monde ?