L’Amérique de Trump : un puits sans fond de questions

Les bancs en bois du chapiteau Amerigo n’ont pas mis beaucoup de temps à se remplir. Les curieux sont venus en nombre pour poser leurs questions sur le rapport entre l’Amérique de Trump et l’Europe, la France en tête. Michel Foucher, diplomate, géographe et ancien ambassadeur de France, ainsi que Laurence Nardon, chercheuse et responsable du programme Amériques à l’IFRI, ont répondu aux questions. Le tout est animé par le géographe Thibaut Sardier.

C’est LA nouveauté de ce FIG2025 : le rendez-vous « Vous avez des questions ? » répond à un fonctionnement très simple : des spécialistes introduisent rapidement le sujet, en l’occurrence le rapport entre l’Amérique de Trump et l’Europe, mais l’essentiel de la rencontre consiste à répondre aux questions du public. Ce vendredi après-midi, avant même que l’échange ne débute, les questions brûlent les lèvres et chauffent les esprits. “On sent qu’il y a un danger pour l’Europe”, confie Annie. Elle se dit “apeurée pour les générations futures.” A entendre les mots introductifs des experts, ces sentiments trouvent une légitimité. L’Amérique adopte une attitude aux antipodes de sa logique post-Seconde Guerre mondiale. Le message des intervenants semble clair : les Etats-Unis ne sont plus là pour aider et reconstruire, mais pour déconstruire et marquer une rupture avec leurs anciens alliés. D’autant plus qu’avec la Russie et les gouvernements de Hongrie ou de Slovaquie, l’extrême droite encercle le continent et l’envahit. Les experts estiment que “l’Europe est dans un moment critique”.

La peur et les interrogations traversent un public médusé par les décisions du 47e président américain, à peine quelques mois après sa réélection.

Entre droits de douane et populisme

Parmi les questions posées, deux thèmes sont récurrents : les droits de douane et le populisme. Pour le premier, Michel Foucher se veut rassurant : “Lorsqu’il y a 15% de droits de douane appliqués sur un produit, c’est le pays importateur qui les paye, et non l’exportateur.” A comprendre : les États-Uniens et non les Européens. D’autres explications se cachent derrière cette hausse des droits de douane. Des raisons contradictoires selon Laurence Nardon, pour qui “un jour, c’est pour inciter les Etats-Uniens à acheter plus de produits américains, l’autre jour cela va servir de chantage diplomatique pour les pays qui n’obéissent pas suffisamment aux États-Unis. Il y a à boire et à manger dans la politique budgétaire de Trump”.

Concernant le populisme, les experts remarquent un retour en arrière par rapport aux idées des Lumières. Il y a une remise en question des faits (médias, justice, santé…) et une mise en valeur du récit.

Face à cet enjeu démocratique et culturel que représentent les États-Unis, les deux spécialistes ont tenu à rappeler en conclusion que l’Europe dispose de nombreux atouts. C’est le premier marché du monde, et son plus grand espace démocratique. A cela s’ajoute une grande diversité au vu des nombreux peuples qui la composent.