Étendue sur deux jours, la table ronde sur la Déodatie face aux urgences s’est penchée ce vendredi sur la large thématique de la forêt.
Parsemée de passionnés de la sylve de tous âges, la salle François-Cholé du musée Pierre-Noël accueille le premier volet de la table ronde “La Déodatie face aux urgences ». Il était consacré à la forêt. Hélène Millet lance les premiers sujets en sa qualité de directrice de programme POPSU, dont le but est de mieux comprendre les enjeux et évolutions associés aux villes et aux territoires. “Notre travail a changé avec les années. Depuis 2000, on se rend compte que les forêts ne sont pas si immuables que ça et que le climat affecte fortement les espèces locales”, explique Christian Piedallu, enseignant chercheur en écologie forestière. “La Déodatie a toujours été humide mais, depuis dix ans, on doit combattre un fort stress hydrique et on ne peut pas juste arroser. Il faut vérifier la quantité consommée par les différentes espèces ou la concurrence dans les réseaux racinaires”, précise-t-il.
Quid de la forêt de demain ?
Pour Jean-Luc Delaitre, premier adjoint à la mairie de Mortagne, les incendies de 2022 qui ont touché sa commune, située à une vingtaine de kilomètres de Saint-Dié-des-Vosges, sont un avertissement à ne pas ignorer : “Il faut que les communes, dont la forêt est la principale source de revenu, se préparent”.
En temps « normal », les conifères migrent lentement avec le changement climatique. Mais aujourd’hui, il est si prompt que ça leur est impossible. “Dans la Déodatie, on a six hectares “d’îlots d’avenir”. Ce sont des essences qui viennent de zones où le climat est plus chaud, comme les calocèdres d’Amérique du Nord, même s’ils sont en quantité limitée puisque non autorisés sans dérogation”, vulgarise Jean-Yves Boitte, responsable à l’ONF. “Aujourd’hui, la question n’est plus de savoir si on aura des forêts productives à l’avenir mais simplement si on aura des forêts”, conclut Christian Piedallu.