Yaryna Chornohuz, une poétesse sur le front

En ce deuxième jour de festival, Yaryna Chornohuz a présenté son recueil « C’est ainsi que nous demeurons libres », traduit de l’ukrainien par Ella Yevtouchenko et Frédéric Martin. Lauréate du prix Taras Chevtchenko, la plus haute distinction littéraire ukrainienne, elle raconte à travers ses poèmes la guerre, le deuil et la mémoire des disparus.
Pour elle, la littérature est un outil de résistance et de préservation de l’identité ukrainienne face à l’influence russe mais aussi une thérapie pour accompagner le deuil. Traversé par le silence et la fragilité, le recueil donne voix à la vie sur le front. Yaryna Chornohuz y évoque la perte de ses camarades et de son fiancé, tué par un sniper, et montre combien nommer et raconter ceux qui disparaissent permet de combattre l’oubli. Écrire devient alors un acte de mémoire, mais aussi une manière de conserver son humanité et son empathie face aux violences de la guerre.
Le paysage tient une place centrale dans ses poèmes. La rivière qu’elle décrit est à la fois frontière, refuge, tombeau et symbole de vie et d’espoir. Les saisons, le vent, la lune ou la forêt deviennent autant d’éléments d’introspection, révélant la beauté et la cruauté du monde. La nature n’est jamais neutre : elle reflète les épreuves de la guerre et offre à la poétesse un miroir pour réfléchir à la fragilité de la vie et à sa propre condition.
À travers ce recueil, Yaryna Chornohuz transforme la poésie en acte de résistance. Mémoire des morts, affirmation de la liberté, sauvegarde de l’humanité, ses textes offrent ainsi au lecteur un espace où la beauté et la gravité se rencontrent et où l’écriture devient refuge.