L’activiste et écrivaine Judith Aquien est accompagnée de la célèbre romancière et ancienne sage-femme Agnès Ledig pour parler d’une vision de la grossesse et de la gynécologie dont peu parlent. Cette fine équipe s’accompagne de la journaliste Sabine Lesur, pour animer le tout.
Face à un public nombreux dans le grand salon de l’hôtel de ville, Agnès Ledig commence par expliquer la déconsidération subie par les sages-femmes depuis l’arrivée de certains hommes gynécologues, elles ont plus de mal à mettre en avant leurs qualités professionnelles. Elle rappelle ensuite un de ses souvenirs : “En 2013, j’étais sur un groupe Facebook de sages-femmes et on discutait du “point du mari”, une opération visant à réduire la taille de l’entrée du vagin, et je me suis rendu compte avec d’autres que certaines en étaient encore témoins. J’ai donc pris ma plume pour en parler et j’ai, bien sûr, eu droit à des propos sur mon manque de connaissance de la part d’individus se croyant supérieurs”. Elle dénonce la “binarité du monde actuel”, puisqu’en dénonçant certains praticiens, elle ne visait pas la profession dans son entièreté.
Sabine Lesur navigue dans les sujets et celui des femmes enceintes revient. Judith Aquien parle justement des débuts de grossesse dans son dernier livre : “On oublie les femmes avec des fœtus de quelques mois, on ne prend au sérieux que les femmes très enceintes, ce qui n’aide pas celles qui font des fausses couches puisque cela peut arriver à tout stade”. Elle n’oublie pas non plus les idées reçues sur le sujet : “L’idée que les femmes enceintes n’ont des nausées que le matin est malsaine puisque cela implique qu’elles doivent être en forme et accessibles le reste de la journée, alors que cela peut arriver à tout moment. On finit par entendre des phrases comme “ne t’écoute pas trop”, qui amènent à des vagues de burn out et de dépressions parce qu’on nous a demandé de nous taire sur notre état physique”.
“Heureusement, dans les livres, on peut trouver des mots réconfortants, on se sent moins seule, écoutée et, si j’ai fait prendre conscience à au moins une femme de tout ça, c’est une victoire”, termine Agnès Ledig.