C’est dans un Espace Georges-Sadoul plein à craquer que s’est tenue la table ronde : L’Europe face au conflit russo-ukrainien. Michel Foucher, ancien ambassadeur et diplomate, et Anna Colin Lebedev, politiste, ont échangé sur la guerre qui se déroule en Europe de l’Ouest. Le tout chapeauté par Pierre Haski, président de Reporters sans frontières.
A la manière de la grande nouveauté du FIG de cette année : la FAQ sur l’impact de Donald Trump sur l’Europe, la conférence débute sur un ton grave qu’elle ne quittera pas. Anna Colin Lebedev, spécialiste de l’Ukraine, amorce en expliquant que l’intitulé de la rencontre rappelle, sans le vouloir, le discours du régime russe. “Derrière le terme conflit, il y a cette idée d’égal à égal, alors qu’ici c’est une guerre asymétrique, avec un agresseur, la Russie, et un agressé, l’Ukraine”. Michel Foucher enchaîne en affirmant que la guerre a plusieurs dimensions pour la Russie. La première, la plus importante, est une dimension Ukraine VS Russie, Moscou désire l’annexion d’un territoire ukrainien. “Un objectif que la Russie n’a pas atteint”, ajoute-t-il. La deuxième dimension est une remise en cause du pouvoir de l’Occident. La Russie cherche à contredire sa perte d’influence en Europe de l’Est et à affaiblir l’Occident. Enfin la dernière dimension est bilatérale. Selon Foucher, la Russie désire retrouver un statut et des moyens de discussion. La guerre en Ukraine est instrumentalisée. Par exemple, pendant la rencontre en Alaska d’août dernier entre Poutine et Trump, d’autres sujets que l’Ukraine ont aussi été abordés.
Une société russe fragmentée.
Aujourd’hui, il est compliqué de faire état de la société russe. Il est dangereux pour les sources de parler, la Russie étant un régime autoritaire. Le pays a lancé une mobilisation masculine et une répression des discours anti-guerre, mais en même temps il a maintenu ses frontières ouvertes. Beaucoup de personnes ont quitté la Russie à la suite de ces mesures. Différents sociologues ont observ,é dans la région de Koursk, que beaucoup voient cette guerre comme un événement météorologique. Comme une tempête. Cela ne sert à rien d’émettre un jugement contre elle ou de la contester. Il faut juste attendre qu’elle passe. Beaucoup de Russes ne sont ni pour ni contre ce conflit.
Le reste de la conférence a exploré la guerre que la Russie mène, et qui dépasse le champ de bataille. Les experts ont essayé de conclure de manière rassurante. On se focalise sur les réussites de Poutine mais on oublie ses ratés, à l’image de sa méconnaissance des forces armées ukrainiennes ou de la mauvaise anticipation de la réaction de l’Europe