Le Rwanda, un « fantasme » pour Michel Bussi

Figurant parmi les écrivains les plus lus en France, avec plus de dix millions de livres vendus, Michel Bussi s’est penché sur le génocide rwandais dans son dernier roman, Les Ombres du monde, qu’il est venu présenter ce dimanche 5 octobre sous le chapiteau Amerigo.

Connu pour ses intrigues entièrement issues de son imagination, Bussi innove ici en s’intéressant à un fait historique majeur : le génocide des Tutsis au Rwanda. « Le Rwanda est un pays fascinant. Avant 1994, date du génocide, c’était un État modèle, très contrôlé et très surveillé », explique l’auteur, régulièrement classé parmi les écrivains préférés des Français. « C’est presque un miroir de l’Occident, si l’on considère son climat et son relief », ajoute-t-il.

Dès ses débuts d’écrivain, alors qu’il était encore enseignant-chercheur, Michel Bussi nourrissait déjà le projet d’écrire sur le Rwanda. Ce désir a pris forme à la suite d’un voyage d’une dizaine de jours aux côtés du journaliste Patrick de Saint-Exupéry. « C’est une histoire à la fois puissante et méconnue, presque mythique. Il y a là quelque chose qui relève du récit, du fantasme », affirme-t-il.

C’est ainsi qu’est née l’histoire de Jorik, un capitaine français en mission au Rwanda, qui tombe amoureux d’Espérance, une enseignante tutsie. Quatre ans plus tard, lorsque le génocide éclate, elle disparaît. Ce point de départ permet à Bussi d’explorer les zones d’ombre de cette tragédie.

Le génocide est souvent attribué à une élite extrémiste hutue, déterminée à conserver le pouvoir face aux aspirations démocratiques des Tutsis. « Ces extrémistes se sont servis de l’attentat de Kigali, l’avion du président Juvénal Habyarimana abattu, comme élément déclencheur du génocide », rappelle Michel Bussi. Plus d’un million de Rwandais y participeront ensuite. « Cet attentat reste une “belle” énigme, car on ignore encore aujourd’hui qui a tiré et pourquoi », souligne-t-il.

Mais l’auteur ne souhaitait pas se limiter à une lecture ethnique du conflit. « Je voulais montrer que le Rwanda ne se résume pas à une guerre de tribus », insiste-t-il. Pour ce faire, il s’appuie sur une galerie de personnages variés et utilise le thriller, son genre de prédilection, comme un outil pour informer et toucher le plus grand nombre