La thématique de cette 36e édition du FIG permet d’explorer une multitude de domaines géopolitiques. «Pouvoir » colonial a été le parti pris de la journaliste Valérie La Meslée qui a invité à sa table ronde trois personnalités passionnées par la thématique. Un devoir de mémoire colonial au cœur de la cathédrale de Saint-Dié-des-Vosges.
In Koli Jean Bofane, Charlotte Fauve et Pierre Haski : trois auteurs qui ont chacun abordé la colonisation sous différents angles : le premier, qui a sorti un livre Nation CannibaleI (Denoël) aborde la colonisation à travers le lien entre la République Démocratique du Congo et Haïti, pays présent dans son livre. Le reporter Pierre Haski, également chroniqueur géopolitique à France Inter, est revenu sur les grandes figures de luttes d’indépendances en Afrique. Enfin Charlotte Fauve, sur les pas de Nastassja Martin, a publié son livre Alaska. L’Usure du monde (Editions du Seuil), en revenant sur les conséquences de la crise climatique en Alaska, autrefois colonisée par l’URSS avant de devenir américaine. Même si on ne fait pas tout de suite le rapprochement entre l’Alaska et le colonialisme, le temps de parole était bien réparti entre les trois auteurs.
Car le cœur des trois points de vue de la rencontre était de réfléchir sur l’exercice de pouvoir des puissances coloniales. En Afrique subsaharienne, on ne cite plus les grandes figures qui ont à leur manière mené le chemin vers l’indépendance de leur pays : Thomas Sankara au Burkina Faso, Sékou Touré en Guinée Conakry ou encore Patrice Lumumba dont l’assassinat morbide – son corps a été dissout dans un bain d’acide – a été dépeint au cinéma dans le documentaire Soundtrack to a Coup d’Etat sorti en 2024. Lors de la rencontre, In Koli Jean Bofane a d’ailleurs fait part de sa contribution au documentaire. De l’autre côté du globe, en Alaska, la colonisation américaine a débuté avec l’installation des missions religieuses vers 1910. Elle s’est ensuite immiscée dans l’éducation des populations autochtones, qui avaient l’interdiction de parler leur langue.
Aujourd’hui si l’on parle de colonialisme c’est pour évoquer une histoire passée qui se répercute sur nos sociétés actuelles. La disparition de la végétation dans la toundra en Alaska ainsi que le dégel de son permafrost – un sol tellement gelé qu’il n’est pas censé fondre – agissent sur le moral des peuples autochtones qui subissent les dérives climatiques. Une solution : « la technologie ancestrale » expression formulée par In Koli Jean Bofane pour nous rappeler ce devoir de mémoire.