La construction en terre crue : armée face au béton

Si le béton était un pays, ce serait le 3e plus gros émetteur de CO2 : la terre crue, le béton de demain ?

Marie Dougnac, agrégée en géographie et youtubeuse à ses heures perdues, est venue soulever une question qui sera dans l’avenir au cœur des préoccupations : la terre crue peut-elle remplacer le béton ?


“Cette question se pose aujourd’hui car la production et l’acheminement du béton représente 8% des émissions de CO2, soit plus que le domaine de l’aviation.” La conférencière continue ses démonstrations avec une phrase choc qui va interpeller les festivaliers : “Si le béton était un pays, il serait le troisième plus gros émetteurs de CO2 après la Chine et les Etats-Unis.”


Le béton est fait à partir de sable, d’eau et de ciment, le tout chauffé à très haute température à l’aide d’énergie “pas très renouvelable…” Seulement la surexploitation du sable amène à des problèmes d’érosion, la salinisation des nappes phréatiques ou même la création d’une mafia du sable… Des industries dans le besoin vont même jusqu’à râcler les fonds marins et détruire des écosystèmes pour cette denrée. Si certains se demandent pourquoi ne pas utiliser le sable du désert, la réponse est simple : il est trop polis et trop lisse. Il ne s’imbrique pas comme il faudrait et n’est donc pas exploitable. 


Le béton c’est bien sur le papier mais ça soulève beaucoup de problèmes. C’est pourquoi les scientifiques cherchent une alternative plus durable avec la terre crue. « En France, près de quinze pourcents des constructions sont réalisées avec cette technique : pisée, maison à colombages…” Où trouver la matière première ? Marie Dougnac continue sa démonstration. “ Pour le projet Grand Paris Expresse, près de 22 millions de tonnes de terre vont être excavées. Cela représente une pyramide de près de deux Tour Eiffel en hauteur. Cette terre non polluée est une ressource idéale.”


Dans l’audience on compte désormais des convaincus et des mitigés. “Pour des maisons d’accord mais des gratte-ciel ?” La spécialiste finit de les convaincre avec des exemples. “ La tour de garde de l’Alhambra a été construite en terre crue et fait près de 45 m de haut. Shiban autrement appelé le Manhattan du désert, au Yémen est une ville avec des gratte-ciel en terre crue.”


Les constructions en terre crue présentent de nombreux avantages, la matière est réutilisable à l’infini, et est super isolante “ce qui est très utile en période caniculaire.”


Le bilan est donc plutôt positif pour la terre, bien que construire des buildings parait un peu utopique pour le moment, construire davantage en terre crue pourrait déjà drastiquement réduire nos émissions de CO2.