Dès 9 h, la file s’allongeait devant l’entrée de l’espace Georges-Sadoul. Le public attendait la venue de l’anthropologue Fariba Adelkhah, programmée pour une table ronde sur le lien entre religion et État. L’anthropologue s’est emparée de la situation en Iran, tandis que son collègue écrivain Jean-Arnault Dérens a évoqué le cas des états orthodoxes.
C’est à partir du livre Prisonnières à Téhéran que le géographe Frank Tétart a introduit au public l’autrice Fariba Adelkhah : un livre fondé sur son expérience personnelle en tant que prisonnière en Iran. Mais l’anthropologue est plutôt resté discrète sur cette période de sa vie, préférant consacrer son discours sur l’instrumentalisation de l’Islam en Iran. « L’Iran ne se définit pas comme une théocratie » postule-t-elle d’emblée. Elle préfère parler pour l’Iran de raison d’État. La sociologisation de la religion est primordiale : elle reste tardive dans les études sociales. En Iran, le chiisme, branche de l’Islam qui comptabilise environ 200 millions de fidèles dans le pays, reste la religion d’État. Mais l’époque actuelle permet de créer une autre forme de foi d’après Fariba Adelkhah. Des formes qui défient le pouvoir en place comme les mouvements féministes iraniens. L’anthropologue constate que les femmes iraniennes s’imposent dans l’espace social du pays pour aller à l’encontre des lois sur les codes vestimentaires féminins. La discrimination positive des années 80 instaurée dans les milieux universitaires met en lumière une surreprésentation des femmes face aux hommes.
Autre exemple de religion proche des États : l’orthodoxie. Considérée comme la 3e confession chrétienne, cette religion peu connue du grand public s’exprime en plusieurs langues comme l’arabe, les langues slaves ou encore le grec. En Ukraine, depuis la chute de l’URSS, trois groupes orthodoxes ont vu le jour : l’Église rattachée au patriarche de Moscou, l’Église de Kiev de Philarète et l’Église autocéphale reconnue par Constantinople. L’Église orthodoxe est très proche du pouvoir comme c’est le cas en Russie. Cette Église prétend avoir autorité sur ses fidèles alors que son pouvoir s’étend sur d’autres populations comme les Ukrainiens. Son vecteur d’influence dépasse les frontières russes, allant jusqu’en Yougoslavie.
Après avoir débattu sur ces deux exemples, Fariba Adelkhah clôture la discussion en déclarant que la religion est aujourd’hui sécularisée dans bien des États, notamment la France.