Entre fiction et réalité avec Eka Kurniawan

Le salon de l’hôtel de ville a été redécoré aux couleurs de l’Indonésie pour accueillir ce samedi 5 octobre à 14 h l’écrivain Eka Kurniawan. En langue indonésienne, il revient sur son livre les belles de Halimunda devant son public français.

Eka Kurniawan est un pilier de la littérature indonésienne. Traduit dans plus de trente langues, son livre Les belles de Halimunda publié en 2002, s’écarte des romans classiques indonésiens, assez pudiques face à la réalité. Son style est cru, et son envie de décrire le monde se reflète dans le livre, entre merveilleux, politique, religieux et sexe. Alors comment raconter l’histoire de l’Indonésie ?

Eka Kurniawan a pris le parti pris de la fiction. La ville d’Halimunda a été inventée par l’écrivain, pour éviter les problèmes de cohérences historiques. Cependant, l’occupation japonaise est évoquée dans le livre – une période toujours présente dans la mémoire des Indonésiens. Alors le roman navigue entre réalité et fiction. Dans l’intrigue, la présence d’un personnage ressuscité vingt ans après sa mort n’enlève rien à la justesse des propos historiques du texte.

La réception de son livre à l’étranger est considérable. Le public français, représenté dans le grand salon de la mairie de Saint-Dié-des-Vosges a quant à lui fait figurer Eka Kurniawan dans la liste des ouvrages sélectionnés pour le prix Médicis 2017. En contrepartie, l’interprétation de son œuvre varie beaucoup. « Êtes-vous un écrivain féministe » lui demande Sarah Polacci qui animait la rencontre. En effet, les femmes tiennent une place importante dans le livre, comme son titre en témoigne. L’interprétation est libre, mais ce qui est sûr c’est que l’écrivain prône une égalité de droit entre les hommes et les femmes.

Même après sa publication, vingt-trois ans auparavant, Les belles de Halimunda hantent toujours les imaginaires des fidèles lecteurs.