La New Romance, un nouveau phénomène éditorial

Le phénomène de la New Romance s’invite au FIG cette année. Pour en parler, Adeline Florimond-Clerc, enseignante chercheuse, et Louis Gabrysiak, sociologue, sont revenus sur l’engouement pour ce genre littéraire.

La New Romance se popularise depuis une dizaine d’années en France. Le terme est à l’origine une marque déposée par l’éditeur Hugo Publishing. Elle désigne une nouvelle forme de romance sentimentale qui émerge aussi bien en librairies qu’en ligne sur les plateformes dédiées comme Wattpad ou Fyctia. Les livres physiques connaissent un succès inédit : en 2024, 12 millions d’exemplaires de New Romance étaient vendus. Au bout de la plume, des femmes qui représentent majoritairement les auteurs de ce genre littéraire. De Sarah Rivens à Emma Green, ces femmes sont confrontées à un phénomène de starification amplifiée par la rumeur de la New Romance sur les réseaux sociaux. Le lectorat de cette littérature concerne à grande majorité des femmes, à l’image des écrivaines. Trois enquêtes révèlent qu’en plus de compter un nombre important de femmes, le lectorat est aussi constitué de jeunes adolescentes mineures. L’âge du public devient alors un problème. Si la structure interne des livres de New Romance abordent des thèmes sociaux comme le consentement ou la grossophobie, d’autres livres plus explicites contiennent des passages qui décrivent explicitement des ébats sexuels et sont lus par des personnes mineures.

Certains pourraient se dire qu’il en va de la responsabilité des acteurs de la chaîne du livre de restreindre l’exposition de ces livres au jeune public. Quelques libraires avertissent leur jeune clientèle au moment de l’achat. D’autres font le choix radical de ne pas en vendre dans leur librairie. Néanmoins les libraires n’ont pas le droit de refuser une vente. La responsabilité des parents est aussi pointée : pour la plupart ils n’ont pas connaissance du contenu du livre. Les maisons d’édition peuvent de leur côté réguler cette exposition. Hugo Publishing a fait le choix par exemple d’annoncer le caractère explicite des livres New Romance avec des pictogrammes.

Ce qui est sûr, c’est que la New Romance est un véritable phénomène social qui a suscité la curiosité du public de la conférence. « C’est le point de vue sociologique qui m’intéresse » nous confie Claude, 82 ans lectrice non initiée à ce genre. Mais avant la New Romance il y avait les regrettés Harlequin !