La lutte permanente des sportives

Bien que le sport féminin ait considérablement évolué, les inégalités persistent dans le monde sportif. Un sujet abordé par l’autrice Ève Menu ainsi que les volleyeuses (ou ex-volleyeuses) professionnelles Julie Mollinger et Romy Taleux.

En matière de médiatisation, de salaires, de respect et dans bien d’autres domaines, le sport féminin reste à la marge du sport masculin. « Il y a déjà du sexisme dans les mots. Quand on parle de sport féminin, on précise toujours que c’est féminin », souligne Ève Menu, autrice de Championnes, un ouvrage qui retrace le parcours d’une quarantaine de sportives. Un constat que partagent sans hésitation Julie Mollinger, ancienne joueuse du Saint-Dié Volley-Ball, et Romy Taleux, actuelle capitaine de l’équipe déodatienne.

Cette différence de considération se ressent au quotidien. « On reçoit souvent des remarques sur nos tenues », affirme Romy Taleux. « On a plus de mal à être prises au sérieux. On nous demande si on ne veut pas d’enfants, si on vit en colocation, si on ne veut rien faire de notre vie… », ajoute Julie Mollinger.

Un manque de respect qui perdure, malgré une évolution notable. « Dans l’Antiquité, les femmes n’avaient pas le droit d’être sportives, ni même d’entrer dans un stade », rappelle Ève Menu. Ce n’est qu’au début du XXe siècle que les femmes ont commencé à participer aux compétitions, et à y performer, au point parfois d’irriter certaines fédérations.

Un exemple marquant remonte à 1992, lorsque Zhang Shan remporta une épreuve de tir mixte aux Jeux olympiques de Barcelone. À la suite de sa victoire, ces épreuves furent supprimées ou modifiées pour empêcher toute comparaison directe entre femmes et hommes. Plus récemment, les cas de Loïs Boisson, Courtney Dauwalter ou encore Imane Khelif illustrent également cette problématique. « Il ne faut pas que les femmes soient trop performantes, sinon on remet en question leur féminité », déplore Ève Menu.

Au-delà de leurs capacités sportives, les femmes sont souvent jugées sur leur personne, subissant des remarques sexistes, homophobes et bien d’autres. « Beaucoup de femmes en sont victimes », témoigne Julie Mollinger. « Un joueur de volley va plaisanter avec une volleyeuse, évoquant notamment un niveau de jeu différent. Oui, il y a des spécificités, mais est-ce que cela rend le sport moins beau ? »

Ces violences peuvent également être morales, notamment lorsqu’une sportive est enceinte. C’est le cas de l’actuelle manageuse des Louves : « On doit lutter contre les conseils et les jugements venant d’hommes qui nous disent qu’on ne devrait pas faire de sport. » Parfois, cela a même un impact financier, comme pour la sprinteuse Allyson Felix, dont les revenus de sponsoring ont chuté de 70 % après sa grossesse.

Heureusement, des avancées existent, comme le changement des tenues imposées aux volleyeuses, la création d’un championnat professionnel de tennis, entre autres. Mais la marge reste encore importante…