Une rencontre entre une géographe et un philosophe peut donner lieu à des échanges savoureux. La preuve en a été donnée ce samedi 5 octobre à l’Espace Georges-Sadoul entre Claire Delfosse et Thierry Paquot.
Entre Claire Delfosse, géographe ruraliste, et Thierry Paquot, essayiste et philosophe, la rencontre de ce samedi 5 octobre était attendue. Notamment par plus de 200 élus rassemblés à l’occasion de l’anniversaire des cinq ans du contrat de réciprocité favorisant les échanges entre la communauté d’agglomération de Saint-Dié-des-Vosges, l’Eurométropole de Strasbourg et la communauté de communes de la Vallée de la Bruche. Mais aussi par un public venu en masse garnir la partie haute d’un Espace Georges-Sadoul encore bien fourni.
Dès les premières paroles prononcées, le ton a été donné. Pour Thierry Paquot, le monde tend à s’urbaniser. « Pour moi tout n’est pas urbain », a rétorqué Claire Delfosse. « Les enjeux en termes de mobilité et d’accès aux services montrent que les territoires ne sont pas peuplés de la même manière ».
Selon la géographe, 30 % de la population française vit dans une zone de faible densité. Comprenez qu’il est nécessaire de prendre un véhicule pour rejoindre une ville centre où est menée une politique de ruissellement.
Cette politique de ruissellement pourrait correspondre à un aménagement du territoire. « On parlera plutôt de ménagement », insiste le philosophe en précisant que cette notion de ménagement « vise à prendre soin ». Pour lui, il est nécessaire de repenser le découpage territorial suite à l’apparition d’une « géographie affective » permettant de redéfinir nos localités en fonction de nos goûts et non plus en fonction de notre carte d’identité. De la même façon, selon lui, il faudrait bannir les termes définissant les villes à l’instar de « ville moyenne » : « Moi je suis dans une ville, il faut sortir de cette hiérarchisation qui pèse lourd ».
Bien qu’ayant des avis opposés exprimés dans un débat convivial, les deux intervenants semblaient tomber d’accord sur la notion de ménagement dont « l’enjeu est la différence entre les moyens humains et l’imaginaire » selon Claire Delfosse. Un accord qui était l’une des notes finales donnée à cette rencontre inédite qui fait, parmi tant d’autres, la beauté du Festival international de Géographie.