Le vendredi 4 octobre, Pierre Blanc, Coline Sovran et Carine Pachoud ont présenté leurs recherches sur la multiplicité des propriétaires des terres agricoles, dans l’amphithéâtre de l’IUT de Saint-Dié-des-Vosges. Une table ronde traitant différents cas pour prouver que le problème est omniprésent.
Qui détient quelle terre ? Que l’on habite au cœur du massif des Alpes, sur le territoire français ou dans un quelconque endroit du globe, le sujet de la propriété des terres suscite de nombreuses interrogations. « La question foncière des terres agricoles est une question politique aux XXe et XXIe siècles », a même affirmé Pierre Blanc, auteur de l’ouvrage « Terres, pouvoirs et conflits ».
Lui, s’est intéressé à la concentration foncière des XIXe et XXe siècles. En clair, il s’agit de la répartition du pourcentage de détention des terres. Trois raisons peuvent expliquer la problématique autour de ce sujet : un phénomène endogène, un phénomène exogène ou encore un phénomène hybride mêlant les deux précédents. « Quand l’élite détient 80 % des terres, l’instabilité politique est forte », a-t-il martelé en évoquant l’expression de « moments agropolitiques » pour définir un esprit de révolution. Des moments qui peuvent être suivis dans les démocraties, ou faussement suivis avec le principe d’une réforme agraire rapidement remplacée par une collectivisation des terres rendant caduque tout changement dans une oligarchie.
La problématique est différente sur le territoire français. 35 % des terres (soit 9 millions d’hectares) appartiennent à des agriculteurs qui la travaillent et 65 % (soit 16 millions d’hectares) qui sont des terres louées, ou autrement dit, qui ne sont pas exploitées par leur propriétaire. Pourtant, comme l’a détaillé Coline Sovran, 95 % des terres appartiennent au privé tandis que 5 % sont des terres publiques. L’explication se trouve ailleurs : « Les sociétés apparaissent dans le paysage de la propriété et sont en passent de devenir l’outil principal de propriété. Elles ont ouvert la porte à une dérégulation du marché foncier avec le phénomène d’achats de part », a expliqué la chargée de plaidoyer.
Enfin, à l’échelle locale, l’interrogation se porte sur l’activité. Dans le massif des Bauges situé dans les Alpes qui a servi de sujet d’étude pour Carine Pachoud, 40 fermes sont dédiées à l’élevage bovin et 30 autres à la diversification. En résumé, l’élevage bovin est majoritaire. « Ce sont deux modèles qui s’opposent », a-t-elle expliqué en évoquant un « phénomène institutionnel qui offre une prime à l’élevage » pour justifier cette différence. Une différence qui pourrait bien être gommée dans le temps par différentes initiatives, qu’elles soient citoyennes ou bien… institutionnelles.