Première conférence de cette trente-cinquième édition du FIG à La Boussole : « De quoi le Zan est-il le nom ? ». Directeur de recherche à l’ENTPE, Éric Charmes s’attèle à la question.
Ce matin, le chercheur aborde la thématique « terres » selon l’angle de l’urbanisation des territoires. L’objectif Zan, Zéro Artificialisation des sols, cherche à endiguer le phénomène de l’étalement urbain. Il a été proposé par la convention citoyenne et appliqué par la loi Climat et résilience de 2021. Le problème de l’artificialisation des sols n’est pas nouveau, dès les années 1970, le rapport Mayoux met en garde contre la perte d’espaces agricoles et naturels liés à l’urbanisation.
Les enjeux sont écologiques, urbanistiques et agricoles. Cependant, l’objectif ZAN tend davantage à s’affirmer d’un point de vue agricole. Certes, plus de la moitié du territoire français est occupé par l’agriculture (et environ 30% par les forêts). La surface urbanisée ne représente de son côté que 9% mais elle augmente.Eviter l’étalement urbain permettrait de préserver le potentiel agricole du pays.
Si un consensus autour de l’objectif ZAN a existé au moment du vote de la loi Climat et résilience, il a soulèvé depuis des débats, avec notamment une problématique politique et sociale qu’Éric Charmes illustre par les jeunes ménages dans la vingtaine qui trouvent un terrain peu cher en dehors des villes, construisent une maison et réalisent les travaux de finition eux-mêmes. Cette approche du « faire soi-même » permet aux milieux populaires d’accéder à la propriété. Ainsi l’objectif ZAN vient percuter un équilibre social qui s’était construit en France autour du terrain pas cher et de la maison individuelle.
Autre point de discussion, selon le scientifique, les enjeux sont davantage qualitatifs que quantitatifs. « En France, il y a de la place pour urbaniser, le problème est avant tout qu’on a mal urbanisé ». Le mitage provoque une dépendance à l’automobile et les commerces de proximité ont été mis en péril pour les zones commerciales.
Finalement, le ZAN pose la question de la place des jardins privés, notamment ceux maisons individuelles. Faut-il y construire pour densifier la ville ou les préserver ? Les jardins privés pourraient notamment devenir des outils pour l’épanouissement de la biodiversité en ville et pour le développement de pratiques vivrières.