Le dessin pour comprendre la justice


Dimanche, sous le chapiteau des Grands Moulins, Sonia Déchamps s’est immiscée dans les confidences de Noëlle Herrenschmidt, peintre de grands procès, et François Duprat, auteur de bandes dessinées, pour tenter de comprendre le rôle du dessin dans la vérité et la justice.

 

Qui a déjà vu une actualité autour d’un grand procès a forcément vu un dessin en guise d’illustration. Ce dessin, c’était peut-être celui de Noëlle Herrenschmidt, dont l’illustration est devenue un métier depuis son voyage en Inde sur les traces de Mère Teresa. Ses premiers pas dans un tribunal sont survenus plus tard. « Le procès en assise, c’est mon truc », s’est-elle dit en entrant pour la première fois dans ce lieu où se rend la justice. Et ce, malgré un âge adulte approchant la quarantaine parce qu’«il n’est jamais trop tard pour savoir qui on est ».

Son premier procès ? Celui de Klaus Barbie en 1987, premier procès tenu en France pour crime contre l’humanité. Pas de quoi l’intimider, ni de quoi lui assécher le pinceau qu’elle range avec des crayons, sa gomme et son papier dans un gilet emprunté à son mari. « Je ne me pose jamais de questions, je laisse la plume et l’aquarelle faire ». C’est pour ça, par exemple, qu’elle a réussi à capter la seule seconde d’émotion de ce criminel de guerre allemand au visage ordinairement glacial.

Parmi ses autres faits d’armes, divers procès, dont celui des attentats du 13 novembre 2015. « C’était un procès exceptionnel de par la terreur, la violence mais aussi l’humanité », explique Noëlle Herrenschmidt qui n’a pas hésité à garder des liens avec les victimes, mais également les avocats des mis en cause en raison d’un « degré de partage jamais vu ».

François Duprat, autre intervenant, est plutôt dessinateur de bandes dessinées pour la jeunesse. Mais, sous l’impulsion d’Irène Frachon et Éric Giacometti, il s’est penché sur l’illustration d’une bande dessinée sur le scandale du Mediator, médicament anti-diabète ayant provoqué nombre de décès. Intitulé Mediator, un crime chimiquement pur, il permet « de faire passer la pilule » sur ce fait, affirme le bédéiste au travers d’un jeu de mot involontaire.

Pour le concevoir, François Duprat a utilisé un crayon « adoucissant le trait » et de l’aquarelle « apport[ant] des tâches et de la vie ». « Cet ouvrage, ce n’est que deux ans de ma vie mais ce sont deux ans importants », résume François Duprat. En revanche, la trace qu’il laissera sera quant à elle éternelle, ou presque.

 

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