« Etre réalistes sans être défaitistes »


Thibaut Sardier, président de l’association organisatrice du FIG, et Florian Opillard, directeur scientifique, baissent le rideau sur une édition 2023 que de nombreux festivaliers classent déjà parmi les meilleurs crus. Mais eux, qu’en pensent-ils ? Comment ont-ils vécu ces trois jours ?

 

Il y a un an, quasiment jour pour jour, Florian Opillard présentait, juste après l’annonce du thème, les grandes lignes des axes qu’il souhaiterait aborder lors du Festival International de Géographie 2023 placé sous sa direction scientifique. « Les Urgences : la thématique était une formidable occasion de rassembler une géographie qui ne se parle que trop peu, par éloignement géographique ou éloignement institutionnel. Par exemple : militaire et mobilisation, ou énergies et sanitaires. » Un an plus tard, sa mission est donc arrivée à son terme. Et il s’en est passé, des choses, en un an… Le tandem Opillard-Sardier a déjà dû réfléchir à la notion d’urgences. Le président a mis ses idées sur la table, le directeur scientifique avait à orienter le sujet avant de faire ses propositions au comité scientifique et pouvoir définir quels géographes avaient les compétences pour intervenir dans tel ou tel domaine. Et en la matière, Florian Opillard se reconnaissait totalement dans la volonté de Thibaut Sardier d’ouvrir le FIG à la nouvelle génération de géographes. « Il y a de la place pour tous et un équilibre à trouver avec des têtes d’affiche comme Michel Lussault, qu’il ne faut surtout pas écarter, et de jeunes géographes dont la parole doit être fondée scientifiquement et qui nous permettent d’éclairer de nouveaux champs, les avancées de la géographie », explique le désormais ex-directeur scientifique. « Il y a un équilibre à trouver entre rigueur scientifique, débat public et accessibilité », argumente quant à lui Thibaut Sardier.
Un fructueux appel à communications et des semaines à essayer de mélanger tout ce petit monde de façon pertinente et cohérente plus tard, on ouvre enfin l’édition « avec finalement assez peu de déconvenues et d’annulations, avec des interventions de qualité et des conditions d’accueil extraordinaires. Je tiens vraiment à saluer l’hospitalité et l’énergie avec laquelle on est accueillis. Ma priorité était de ménager les sensibilités, de créer de l’espace pour que les discussions soient possibles et équilibrées. On fait de la place aux jeunes, à eux de nous aider à la prendre ! »
Une vision que partage Thibaut Sardier. « Il faut rester ouvert. Les intervenants scientifiques et littéraires nous ont proposé des sujets que l’on n’attendait pas, comme les bains douches en France ou l’horloge biologique, qui enrichissent le débat. Le festival est un lieu de transmission du savoir, un lieu de débat et de discussions démocratiques. Il y a encore beaucoup à faire mais on constate à travers la fréquentation qu’on répond à une attente. On traite de sujets aussi importants que les crises écologiques, sociales, géopolitiques à la hauteur de leur gravité, du sérieux qu’ils méritent tout en gardant l’esprit festif d’un festival. La preuve que l’on peut encore être réalistes sans être défaitistes ! »

 

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