renc

Jules Verne et la climatologie

C’est dans une ambiance intimiste que l’on entre dans la salle François-Cholé du Musée Pierre-Noël. L’habituelle affiche du FIG a disparu afin de rendre l’immersion dans le roman de Jules Verne plus intense.

Martine Tabeaud, directrice scientifique du FIG et géographe, commence cette rencontre en présentant l’œuvre trop peu connue, intitulée Sans dessus dessous : « Aujourd’hui les romans de Jules Verne sont très importants car faire passer du savoir savant au grand public est une entreprise intéressante. A l’époque où vit Jules Verne, les régions polaires font partie des endroits où il faut être, il y a donc un tas de gens qui font le voyage vers les pôles. Cependant, on ne les a pas encore atteints et on ne sait pas vraiment quels sont leurs climats. Et pourtant, Jules Verne va imaginer une vente aux enchères entre les grandes nations pour acquérir ces territoires.»

C’est après cette introduction de la géographe qu’Olivier Dautrey intervient. Le comédien et ex-pensionnaire à la Comédie française interprète de courts extraits du roman. Le récit prend donc vie devant les spectateurs présents dans la salle ce dimanche après-midi.

C’est avec ce spectacle que l’on avance dans l’histoire du livre. Et avant chaque grand moment nous évoquant notre époque contemporaine, Martine Tabeaud nous rappelle le contexte de l’époque : «Le roman se situe dans la période de révolution industrielle, on a foi en la science. La fascination pour les mathématiques et les chiffres va avec la foi que les gens ont en la science. On a l’impression à l’époque que, par les mathématiques, on va pouvoir résoudre efficacement tout un tas de problèmes. On est également dans la période où se développent beaucoup d’utopies.»

Et les utopies de l’époque ne sont pas sans ambition. Dans ce roman, Jules Verne reprend un vieux rêve qui peut paraître fou : celui d’un pays où les saisons n’existent plus. La solution scientifique serait donc de redresser la planète Terre et de la remettre droite sur son axe. Les conséquences, l’auteur y a pensé et les cite toutes dans son livre : les journées, l’aube et le crépuscule seront toujours les mêmes durant toute l’année, et les climats resteront stables à tout jamais.

Le silence dans la salle après la dernière lecture d’Olivier Dautrey en dit long sur la qualité de cette rencontre. Ce mélange d’une mise en contexte intelligente et d’un spectacle immersif fait défiler le temps à une vitesse folle. On ne voit pas l’heure passer que c’est déjà terminé. A travers la formidable interprétation du comédien, Jules Verne a su (re)conquérir son public le temps d’un après-midi.