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Délocaliser notre vision des quartiers prostitués



Le confortable Espace Georges-Sadoul a pris sous son aile le sujet des quartiers rouges et de leur aménagement dans l’espace, ce dimanche après-midi. L’occasion pour Raymonde Sechet et Jean-François Staszak, tous deux géographes culturels et sociaux, accompagnés de Juliette Roguet, doctorante, de s’exprimer sur la prostitution.

 

« J’ai deux réserves à faire sur ce festival », commence Jean-François Staszak. Il a fallut attendre le thème du corps pour traiter de la prostitution. Pourtant, «les travailleuses du sexe travaillent avec leur corps comme nous tous». Et assimiler le corps à la prostitution empêchent de penser les femmes comme êtres pensants.

Pour traiter convenablement de cette thématique, il faudrait prendre du recul. Le sexe est associé dans la pensée collective comme séparé de la sphère marchande. Les transactions économiques et intimes doivent être ici vues ensemble. La création de maisons closes a été effectuée pour faciliter le contrôle médical et policier en regroupant ces pratiques. Elles sont interdites en France, ce qui est une bonne affaire pour les pays frontaliers.

Elles n’ont pas toujours été prohibées dans le pays des libertés. Toujours dans une optique de surveillance, des quartiers étaient délimités dans le début des années 1900. Majoritairement composés de bâtiments délaissés par la classe moyenne, ces espaces sont parfois construits de toutes pièces. A Casablanca, en 1924, le gouvernement français choisit d’éloigner la prostitution du centre-ville, vitrine de l’empire colonial. La construction du quartier Bousbir a lieu dans la périphérie. Mais contrairement à la volonté étatique, il deviendra célèbre et renseigné dans les guides touristiques comme étape indispensable du voyage.

Pour clôturer, la prostitution vue comme une pratique féminine pour satisfaire les hommes, n’en est pas ainsi dans tous les quartiers du monde. Juliette Roguet a travaillé sur les Bricheros, hommes péruviens qui usent de stratégies discursives pour soudoyer les femmes. Cet exemple peu connu démontre que la prostitution est encore remplie de clichés géographiques et genrés.