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Grand entretien avec Mémona Hintermann


Voir et entendre...

Lorsque l’on connaît cette femme auteure et journaliste, éditorialiste au Midi Libre, forte et combative, parvenir à « dézinguer » (selon son propre terme) Mémona Hintermann semble peu probable. Et pourtant. Elle s’en confie dans «Je n’ai pas su voir et entendre», son dernier livre. La tentative de suicide de son mari, le journaliste allemand Lutz Krusche, l’a dévastée. «Lorsqu’une telle chose vous tombe dessus, vous dévissez…» Toutes les personnes présentes, Tour de la Liberté lors de ce Grand Entretien animé par la journaliste Sabine Lesur, ont reçu ses révélations avec tout le respect qui s’impose, une certaine émotion aussi. «Comment faire face à la tentative de suicide d'un proche ? Pourquoi tant de gens sont-ils tentés un jour, un instant, de tourner brutalement la page de leur vie ? »

Mémona Hintermann explique sobrement le drame vécu, avec des mots simples, parfois issus du créole réunionnais parlé dans sa région d’origine. Au fil des pages, écrites avec l’autorisation de Lutz Krusche réchappé de justesse, parce que retrouvé sur un parking un matin après avoir disparu des radars pendant une vingtaine d'heures, le lecteur chemine vers l’idée qu’il n’y a pas de honte à avoir, parce que ce qui est arrivé est juste humain.

Le livre en apporte les détails «Je n’ai pas de recette miracle, mais j’ai voulu aider. Lutz est seulement l’une des deux cent mille personnes déclarées (40 % des cas ne le sont pas) qui tentent de se suicider chaque année en France.»

Le sujet est lourd. Comme une amie qui vient là pour soulager le poids d’une trop grande détresse, Mémona Hintermann raconte l’intime pour offrir des pistes destinées à sortir de la sidération et de la culpabilité dans laquelle se trouve l’entourage, des centaines de milliers parents, des époux, des sœurs, des frères, des proches confrontés à ce drame et en proie à une auto-accusation qui n’apporte pas de réponses. Simplement parce qu’elle ne les porte pas en elle. Un tabou entoure encore ce geste désespéré qu’est le suicide. «Il faut en parler, la parole c’est ce qu’il y a de plus commun. Et puis, il faut renouer le fil de la confiance pour prévenir la récidive, pour parvenir à vivre l’après... le passé doit être un tremplin pour l’avenir. Ne pas avoir porté secours est une chose terrible, je n’ai pas su, prenez tous les moyens ! »


Le 3114 est un numéro national de prévention du suicide ainsi qu’un site de conseils et de ressources gratuit, confidentiel et accessible 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, depuis tout le territoire national.