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Les invisibles dans la lumière



Les internés en psychologie, les gens du voyage ou, dans un tout autre registre, la décharge de Fresh Kills, font partie des invisibles de notre société. Une rencontre animée par Patrick Vallelian, rédacteur en chef de Sept mook a tenté de les mettre en lumière.

Quel lien unit les patients, plus communément appelés les « fous », dans les hôpitaux psychologiques , les gens du voyage ou encore la décharge de Fresh Kills sur l’île de Staten Island, à New-York ? Ils sont tous, d’une manière ou d’une autre, invisibles. Avec William Acker, juriste, Joy Sorman, auteur, et Lucie Taïeb, auteur également, lumière a été faite sur eux le temps d’une conférence.

Joy Sorman s’est intéressée à la question du quotidien dans les hôpitaux psychologiques, qu’elle décrit dans son ouvrage « A la folie » publié aux éditions Flammarion. Après avoir longuement peiné avant de trouver sa place au sein du service psychiatrique, l’auteure est parvenue à en tirer des scènes emblématiques de la psychiatrie, accompagnées de portraits de soignants ou de patients. Parmi les nombreuses anecdotes racontées, elle y décrit un patient en révolte qui fut considéré comme un malade. « Quand vous rentrez dans un hôpital public, toutes vos paroles sont considérées comme des symptômes », ajoute-t-elle. Une façon de révéler à quel point ceux considérés comme « fous » sont déshumanisés et donc, en quelque sorte, invisibles.

William Acker, dans « Où sont les gens du voyage » (Editions du commun ») s’est intéressé aux communautés qui parcourent les routes de France. Il estime qu’ils bénéficient d’un traitement de faveur inavantageux de par leur mise en lumière lors de faits divers malheureux ou lorsqu’ils s’installent de manière illégale. « C’est une géographie de la violence et de l’indifférence », clame le juriste. En n’hésitant pas à s’appuyer sur un chiffre pour illustrer ses propos : 3,6 % des communes françaises sont dotées d’une aire d’accueil pour les gens du voyage. Et quand il y en a, elles sont placées dans des zones fréquentables. « Les aires d’accueil sont des antichambres de la sédentarisation », se permet-il d’ajouter.

De son côté, Lucie Taïeb s’est penchée sur la décharge de Staten Island, sujet travaillé pendant sa thèse et source de son ouvrage « Freshkills » publié aux éditions La contre Allée. Accueillant les débris du World Trate Center après les attentats du 11 septembre 2001, cette décharge se transforme progressivement en un parc. « On est sur une invisibilité redoublée parce qu’avant, on ne la voyait déjà pas et maintenant, elle s’est transformée en un parc », a expliqué l’auteure. Une manière de nous rappeler à quel point prêter une plus grande attention à l’environnement qui nous entoure est nécessaire.