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Genre, corps et sexualités en Mongolie : l’approche géographique originale d’Eléa Boennec



Doctorante en géographie, Eléa Boennec brosse un portrait de la sexualité et des corps en Mongolie. Des thématiques populaires qui offrent une perceptive nouvelle sur ce pays.

 

Corps normés, corps anormaux : voici la dichotomie dont traite la géographe Eléa Boennec lors de sa conférence accordée durant le Festival International de Géographie. Spécialiste des questions queer et de la sexualité chez les Mongols, la chercheuse en propose une approche historique, culturelle et géographique pour lever le voile sur ces sujets si intimes.

Sous régime communiste jusqu’aux années 1990, la Mongolie est un pays qui est resté ancré dans les traditions, notamment les populations rurales. «Dans les campagnes, le chamanisme et le bouddhisme demeurent très influents. Tous les âges de la vie se conçoivent à l’aune de la sexualité».

Enracinée dans un profond nationalisme, la Mongolie continue de diffuser sa propre conception d’une sexualité idéale, hétéro-normée et reproductive. «Lors de mon séjour dans la capitale mongole, je suis tombée sur un article sur la FIV, ce qui illustre l’importance de la descendance dans ce pays». Pour cette raison, les représentants de la communauté LGBTQ+ sont très invisibilisés dans le pays. «Durant mes recherches, j’ai eu beaucoup de mal à trouver des lieux où se retrouvent les gays. Le rainbow flag, symbole des LGBTQ+, n’était visible nulle part».

Grâce à son approche géographique, Eléa Boennec a néanmoins réussi à territorialiser deux lieux-clés pour les homosexuels : les cafés gay friendly et internet. L’espace numérique représente à ses yeux une forte plateforme émancipatrice. «Il permet aux gays de Mongolie de revendiquer leur individualité».


Avant de quitter les festivaliers, Eléa Boennec ne souhaite pas tirer un bilan trop sombre de la sexualité en Mongolie. «La population mongole est de plus en plus jeune et la visibilisation par les médias occidentaux et coréens des différentes sexualités permet une émancipation plus forte ».

Une belle leçon offerte aux participants, qui ont quitté la salle non sans une salve d’applaudissements accordée à la géographe.