Mia Couto, dévotion totale au Mozambique


Pour sa 33ème édition, le FIG avait l’honneur d’accueillir ce samedi le célèbre auteur mozambicain Mia COUTO, à 11 h 30, au musée Pierre-Noël. Ce grand entretien d’une heure était l’occasion de nous présenter son nouvel ouvrage, Le cartographe des absences, publié aux éditions Métailié, mais aussi de revenir sur son tumultueux rapport avec son passé.

Le Mozambique est une terre tiraillée pour sa propre histoire. Territoire colonisé, puis indépendante en 1975, une guerre civile éclate deux ans plus tard, et s’étalera 15 années durant. Les injustices sociales et le racisme sont deux raisons certaines justifiant la folie d’une société, et de ces citoyens, chez qui la sensation de chaos s’est routinièrement normalisée. La recherche identitaire est donc une quête de vie essentielle pour la majorité des Mozambicains. Mia COUTO n’échappe pas à la règle. Débutant des études de médecine, il a par la suite été journaliste, avant de pleinement se consacrer à la littérature. Trente ouvrages, et quelques distinctions plus tard, il est de retour avec le Cartographe des absences. La présentation de ce dernier était attendue par des dizaines de lecteurs.

« L’oubli n’est pas de nature humaine »

En 2019, le cyclone Idai anéantit 90 % de la ville natale de COUTO, Beira. Présent sur les lieux pour une remise de prix, c’est ainsi que l’illustre écrivain débute son œuvre. Écrit sous le sceau de ce cyclone, ce roman est avant tout une mise en tension de la situation sociale qui règne depuis des décennies, hantant encore aujourd’hui les hommes, telle une apocalypse. Le Mozambique, démocratiquement indépendant, reste, selon lui, économiquement et philosophiquement dépendant au Portugal. « Certains cherchent à se détacher de notre passé, et à se rassurer sur le présent. Or, ils oublient que l’oubli n’est pas de nature humaine, que le souvenir est un élément fondamental dans la structuration sociale d’un état », explique Couto. L’écriture de ce livre est un voyage vers le centre de son âme, au sein duquel il retrouvera son défunt paternel, poète engagé dans la lutte anticoloniale. Une odyssée octroyant la parole à ceux que l’on n’entend pas mais qui subissent les massacres raciaux, la police politique, le racisme et les traîtrises. Avant tout, ce livre est un appel au souvenir d’un Mozambique malheureusement trop oublié à l’échelle internationale.

Lauréat de la francophonie en 2012, ou encore du Jan Michalski en 2020, Le cartographe des oubliés est une sortie littéraire à ne manquer sous aucun prétexte.

grand entretien 01 10 2022