TT ok2

Homophobie, sexisme et football, vraiment indissociables ?



Le football est-il fondamentalement homophobe et sexiste ? La question a fait l’objet d’une rencontre entre Ouissem Belgacem, Pascal Boniface et Antoine Le Blanc, ce samedi matin à la Tour de la Liberté.

 

Le football est l’un des sports les plus populaires au monde. S’il promeut le respect et la tolérance à travers l'engagement de sportifs, de supporters et de campagnes de sensibilisation menées par les instances officielles, l’homophobie et le sexisme restent, malgré les efforts, omniprésents. Pire, ils peuvent parfois contraindre certains footballeurs à stopper leur carrière, comme ce fut le cas pour Ouissem Belgacem, auteur de « Adieu ma honte » (Fayard) qui s’est exprimé ce samedi matin, à la Tour de la Liberté en compagnie de Pascal Boniface, géopolitologue intéressé par les relations internationales dans le sport, et Antoine Le Blanc, géographe, professeur.


Formé au centre du Toulouse FC, l’ancien footballeur qui a goûté aux compétitions internationales avec la Tunisie, a expliqué son choix de se retirer du milieu du ballon rond par la volonté de privilégier sa santé mentale. « L’homosexualité est un sujet tabou, ce n’est même pas une opinion car, aujourd’hui, pas un footballeur gay ne vit sa sexualité », a-t-il expliqué. « Le mot n’est pas tabou car il est utilisé, mais de manière négative », a rétorqué Pascal Boniface.


En réalité, cette homophobie qu’on pourrait coupler au sexisme est une des conséquences de la virilité exacerbée dans le monde du football. Preuve en est, dans certains pays, les femmes n’avaient, à une époque pas si lointaine, pas le droit de jouer au football. Quand, à l’inverse, les femmes lesbiennes ne font pas l’objet d’un traitement de faveur différencié dans le football féminin. « Le sport n’est pas un miroir de la société, mais un producteur ou un reproducteur », n’a pas hésité à ajouter Antoine Le Blanc.


Cependant, depuis quelques années, de nombreux progrès ont été effectués en la matière. Antoine Griezmann qui fait la couverture du magazine LGBT Têtu, Lilian Thuram qui tient des propos « homo-friendly », la mise aux couleurs arc-en-ciel (faisant référence au drapeau de la communauté homosexuelle, lesbienne, transsexuelle etc.) du stade de Munich, la prolongation du partenariat du Paris Saint-Germain avec le Paris Foot Gay, sont autant de preuves qui font foi.


Pour autant, la marge de progression reste conséquente selon Ouissem Belgacem. « Certains amis, qui sont des joueurs avec des millions d’abonnés sur Instagram, me disent qu’ils ne peuvent pas prendre la parole publiquement sur le sujet », témoigne l’ancien footballeur. De ce fait, poursuivre le travail de sensibilisation, comme il l’a récemment fait auprès des jeunes de l’AS Monaco, semble essentiel, pour ne pas dire primordial.