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L'Afghanistan est un pays de résistance



Installés au bar Thiers autour d'un café, Olivier Weber et Abdelkader Djemaï ont pu éclairer les convives de leur expertise sur un des pays phares de l'actualité internationale des derniers mois : l'Afghanistan. Entre lecture de son dernier ouvrage "Massoud le rebelle assassiné" et analyse, le prix Amerigo-Vespucci 2011 a dessiné les contours des nouvelles réalités du régime taliban.

L'amour du grand reporter pour l'Afghanistan est palpable à la passion qui anime son regard quand il l'évoque. "L'Afghanistan, on l'aime ou on le déteste, moi j' ai un attachement particulier parce que c'est un pays de résistance, aucune superpuissance n'a réussi à s'y imposer et la résistance ne s'y est jamais éteinte. " En revanche, Olivier Weber est bien obligé de le constater, "la résistance contre les Talibans est aujourd'hui très fragile. mais je veux mettre en avant la résistance civile, et en particulier le courage des femmes qui prennent largement plus de risques que quiquonque."

Avant d'enchaîner sur "son ami" qui était le sujet de son nouveau livre "le visage du colonel Massoud hante encore l'Afghanistan 20 ans après, c'était le visage même de la résistance". Un visage de la résistance, mais aussi d'une forme de progrès "Il avait fait du Panshir un laboratoire pour les droits de l'homme, de la femme ou de l'administration". 20 ans après sa mort, le climat a bien changé. "Les Américains ont donné les clés de Kaboul aux Talibans" soupire l'auteur. "Ils sont là pour longtemps à mon avis. Je ne vois plus aucun pays occidental aller faire une opération terrestre d'envergure là-bas."

Quelles solutions pour l'Afghanistan ?

Mais alors que faire pour aider les Afghans, et tout particulièrement les Afghanes, sous le joug taliban ? L'écrivain a quelques idées. "On pourrait aider les civils, les femmes notamment qui se constituent en réseaux clandestins pour continuer à étudier, voire même parrainer des Afghanes pour qu'elles viennent étudier en Occident. Les matières comme les sciences naturelles vont devenir harām. Les Talibans sont illettrés, ils n'ont jamais lu le Coran, ça donne des discussions épiques avec eux mais c'est aberrant."

La France a d'autant plus d'importance qu'elle est une vieille amie de l'Afghanistan, comme le rappelle Olivier Weber. "Les quelques résistants qui restent attendent beaucoup de la France, les relations franco-afghanes datent des années 1920 et pendant la guerre contre l'URSS, les French doctors (MSF) ont eu un impact très fort sur la population qui s'en souvient. Enfin, la France a encore cette image de Pays des droits de l'homme".