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Camille Schmoll, lauréate du Prix du Livre de Géographie des Lycéens et Étudiants 2022


Le 31 mai 2022, les votes ont cessé pour la seconde édition du Prix du Livre de Géographie des Lycéens et Étudiants. Le décompte des voix a mis Camille Schmoll et son ouvrage « Les damnées de la mer » en tête, succédant ainsi à Sylvie Lasserre, lauréate de la première édition du Prix avec « Voyage au pays des Ouïghours ».

Le but de ce prix est de faire découvrir et aimer la géographie à des lycéens et des étudiants, de leur faire lire des ouvrages montrant la diversité des écrits géographiques, des terrains de recherche, des formes littéraires et scientifiques associées ; de les initier à la recherche scientifique. Il s’agit également de contribuer à donner une visibilité aux publications géographiques sur la scène éditoriale française. Pour sa première édition, le Prix était ouvert aux lycéens et étudiants de CPGE. Pour la seconde, il a été ouvert aux étudiants en Licence à l’Université. Pour la troisième édition, il sera également ouvert aux étudiants en BTS Tourisme.

Comme pour la première édition, quatre autres ouvrages étaient en compétition : « Plouc Pride » de Valérie Jousseaume (L’Aube), « Géopolitique des Pôles » de Frédéric Lasserre, Anne Choquet et Camille Escudé-Joffres (Le Cavalier Bleu), « Quand la géo explique le monde » de Thibaut Sardier (Autrement) et « Congo » de Roland Pourtier (CNRS éditions).

À l’annonce des résultats, Camille Schmoll a eu ces mots très émouvants : « De très beaux ouvrages étaient en compétition et je reçois cette nouvelle avec une grande fierté. En élisant « Les damnées de la mer », les élèves et étudiant.e.s plaident contre l’indifférence et en faveur d’une géographie engagée ; en témoignage du fait que, malgré les crises récentes, leur attention est toujours vive pour celles et ceux dont la vie est piégée dans la frontière. Je les en remercie de tout cœur ».

Nous allons reproduire ici des extraits des textes écrits sur Les Damnées, mais aussi sur les autres livres en compétition. Il a été difficile de les choisir, tant les textes envoyés étaient de qualité, brillants de finesse d’analyse, de connaissances et d’intelligence. Le comité de sélection tient une nouvelle fois à féliciter et remercier tous les élèves et étudiants qui ont participé cette année, ainsi que leurs enseignants, particulièrement investis et motivés.

« Les damnées de la mer », un ouvrage qui a interpellé les lycéens et étudiants ! Ils en parlent...

Le titre de l’ouvrage de Camille Schmoll a en effet interpellé : « Le titre de son ouvrage fait référence aux Damnés de la Terre de Frantz Fanon, titre qui s’inspire de l’hymne révolutionnaire « L’International », devenu le chant symbole des luttes sociales à travers le monde. Bien qu’éloigné de presque 60 ans, on retrouve dans les deux cas la lutte contre la violence faite aux Africains. Ceux que Fanon appelait « les colonisés » subissaient de nombreuses blessures sur leur corps ; à présent ce sont les migrantes qui subissent elles aussi des raz-de-marée de violences » (1ère HGGSP, Lycée Marcel Gambier, Lisieux). « Nous avons été sensibles au fait que la dimension militante et féministe est clairement assumée, comme le suggèrent les références implicites du titre même de l’ouvrage, faisant écho au célèbre Les damnés de la terre de Franz Fanon, et aux paroles de l’Internationale dont Fanon s’était lui-même inspiré » (HK Lycée Condorcet, Paris).

Cette démarche résolument féministe est soulignée dans de très nombreux textes : « À travers les terres et la Méditerranée le voyage des femmes questionne et méritait un ouvrage pour le mettre en lumière » (1ère HGGSP, Lycée Descartes, Tours). Bon nombre de textes ont insisté sur la place centrale des femmes dans l’ouvrage, à l’opposé de leur absence dans les discours sur les migrations : « Les femmes, grandes absentes du “grand récit des migrations”, “Pénélope africaines”, sortent ici de l’ombre dans laquelle plus de vingt ans de couverture médiatique centrée sur les hommes les a plongées. En dressant le portrait de “toutes celles dont la vie ne compte pour rien”, Camille Schmoll donne à voir une réalité méconnue, celle de femmes “survivantes”, “aventurières”, “stratèges”, “meneuses”, leur donnant une “épaisseur”, une corporéité, ne serait-ce que pour quelques pages. En faisant le récit de celles que l’on ne voit pas, Camille Schmoll interroge également tout un système de représentation de la migration, remettant ainsi en question notre vision de l’altérité, majoritairement masculine, bouleversant l’imaginaire collectif d’une migration de femmes faibles et vulnérables. Vulnérables, elles le sont évidemment, mais elles ne sauraient, et c’est ce que montre C. Schmoll, être réduites à une faiblesse, “femmes-victimes” : fortes, solidaires, elles incarnent le courage et la détermination, forcent l’admiration » (HK, Lycée Fustel de Coulanges, Strasbourg). « Le point de vue féminin rend ce livre particulièrement unique car une grande majorité de livres, surtout sur ce sujet, parlent d’hommes ou de personnes en général, sans jamais se focaliser sur les expériences des femmes » (Lycée international Winston Churchill, Londres). « Il s’agit donc d’une « étude qui concerne les femmes, retranscrite et interprétée par une femme » (HK Lycée Notre-Dame de la Paix, Lille).

La grande force de l’ouvrage réside ainsi dans les témoignages recueillis par Camille Schmoll, et en particulier celui de Julienne, qui est très souvent mobilisé dans les textes, et qui a donné lieu à de nombreuses représentations graphiques, comme des cartes, pour retracer son voyage, mais pas seulement, comme le montrent les illustrations ci-dessous réalisées par une élève du Lycée Fénelon Sainte-Marie (Paris) et une élève du Lycée International de Londres.

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« La première raison qui a orienté notre choix est l’émotion que le livre véhicule notamment les témoignages comme celui de Julienne, qui crée une certaine proximité avec le lecteur. Cette dimension est d’autant plus importante que nous avons été sensibilisés à la situation des migrants en tant qu’habitants de la Côte d’Opale et grâce à des interventions d’associations comme SOS Méditerranée ou pour certains dans la classe grâce à la pièce de théâtre L’homme qui flotte dans ma tête de Veronika Boutinova » (1ère HGGSP, Lycée Polyvalent Eugène Woillez, Montreuil-sur-Mer). « Les témoignages apportent une dimension émotionnelle avec les récits poignants et touchants de femmes qui ont migré et traversé des choses qui peuvent nous paraître inimaginable. Cela permet également de prendre conscience de notre vie, de notre chance » (THGGSP, Lycée Polyvalent Henri Laurens, Saint-Vallier). « Les damnées de la mer nous a permis de mettre le nom de Julienne sur le programme d’HGGSP de première dont l’un des thèmes porte sur les migrations » (Lycée Augustin Fresnel, Bernay). « C’est justement ce témoignage qui nous a touché parce que l’on entend rarement ce genre de paroles, très intimes et peu médiatisées » (Lycée Vaugelas, Chambéry).

Les participants ont apprécié la façon dont Camille Schmoll mobilise ces récits : « Ces exemples précis de parcours de migrantes rendent ce récit plus émouvant, touchant et rempli d’humanité. Pour autant, Camille Schmoll, ne tombe pas dans le misérabilisme et si son livre nous émeut bien souvent, c’est uniquement en relatant fidèlement les faits et en apportant des éclairages qui sont souvent absents des reportages proposés par les médias traditionnels (…) a chercheuse bat en brèche l’idée souvent répandue selon laquelle, ces femmes seraient naïves face aux difficultés extrêmes qui les attendent. Elles ne voient plus l’Europe comme un Eldorado : elles sont actrices de leur futur et conscientes des difficultés à venir. » (Élèves du Club « Prix du livre de géographie » du lycée Les Bourdonnières, Nantes). « Ce livre nous offre une perspective différente sur l’immigration, perspective qui ne nous est pas forcément offerte par les médias. L’abondance des données chiffrées contenues dans celui-ci nous permet d’avoir un point de vue plus objectif en ce qui concerne l’immigration féminine et surtout, de nous forger notre propre opinion grâce à des faits réels et sourcés » (1ères HGGSP, Lycée international des Pontonniers, Strasbourg) ; « elle laisse le lecteur tirer des conclusions des faits » (HK Lycée Ernest Renan, Saint-Brieuc).

Sur la traversée des frontières, les participants ont également eu des mots particulièrement justes : « Les frontières, multiformes et mouvantes, se relocalisent et se reconfigurent en de nouvelles spatialités, transformant et marquant les personnes à vie. (…) Vivre la frontière montre aussi une alternance entre une mobilité et une immobilité, formes de précarité durable : comment survivre à ce passage jalonné de violences multiples, où la répression est multiforme ? » (HK Lycée Notre-Dame de la Paix, Lille). « Ces récits des migrations vécues par ces femmes nous font toucher du doigt ce qu’est devenu le concept de frontière et rend concrètes les politiques migratoires de l’UE et la délocalisation qui est faite de la surveillance de l’espace Schengen au sein de pays non démocratiques ne respectant pas les droits de l’homme. L’ouvrage met en évidence l’institutionnalisation dans l’espace de la frontière d’un état d’exception permanent privant les migrant.e.s de leurs droits. On comprend aussi que la frontière est devenue un espace qui s’étend bien au-delà des limites de l’UE dans des pays à qui l’on délègue la surveillance et le filtrage des migrants, mais aussi qu’arrivé sur le sol de l’UE ne signifie pas que la frontière est franchie, elle change seulement de forme. La violence ne sera plus exercée sous forme de torture ou de viol mais par l’enfermement et l’interdiction d’avoir une intimité. (…) Ce livre est pour nous une très bonne entrée sur le sujet de la migration en méditerranée, une invitation à creuser un sujet trop souvent réduit à un prétexte électoraliste » (L2 géographie, parcours « géographie, espace et société », Université Grenoble Alpes).

Cette réflexion sur les frontières internes et externes de l’UE a d’ailleurs donné naissance à la carte de synthèse ci-dessous (Vincent Laureiro, L2 géographie, Université Grenoble Alpes).

La Situation Migratoire En Mer Méditerranée. Le cas de l’axe Libye - Italie.

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 « Les frontières font l’objet de nouveaux enjeux et concepts comme nous le montre Camille Schmoll à travers cet ouvrage. En effet, ces dernières sont vues sous différents points de vue qui permettent de renouveler le concept des frontières. On remarque tout d’abord une évolution du concept de la frontière car celle-ci est passée d’une délimitation à un lieu de vie. Comme le souligne cette géographe, lorsqu’elle avait débuté ses travaux dans les années 1990, la frontière était “conçue comme une ligne de démarcation que l’on traversait pour se rendre d’un point de départ à un point d’arrivée, une ligne dans le sable ou dans la mer”, car celle-ci n’avait pas l’importance médiatique qu’elle détient aujourd’hui avec la crise migratoire qui s’est intensifiée depuis 2015. A présent, la frontière n’est plus seulement synonyme de passage mais plutôt de “vie à la frontière” ou dans celle-ci car les projets migratoires ne cessent de se reconfigurer face à “un point d’arrivé de plus en plus incertain” et presque inatteignable selon les mots de Camille Schmoll » (Lycée Sainte-Marie de Beaucamps, Ligny).

« L’immersion dans les différents lieux-frontières permet, elle, comme tout travail de terrain, une analyse au plus près des dynamiques propres à la frontière et à la marge, tout en permettant des comparaisons dans l’espace et dans le temps. La mobilité du travail ethnographique, enfin, constitue sans doute l’apport le plus novateur pour quelqu’un qui découvre les travaux scientifiques sur les migrations : au-delà de l’étude du pays de départ et du pays d’accueil, c’est tout le parcours qui est pris en compte, dans ses hésitations, ses phases d’avancée, d’immobilisation ou de recul, comme si l’autrice, pour reprendre son expression, se plaçait “à la poursuite des flux” (p 214) pour essayer de rendre compte de leur épaisseur et de leur complexité, loin du caractère souvent linéaire et basique véhiculé par les médias » (HK Lycée Pasteur, Besançon).

Cette épaisseur de la frontière est présente dans de nombreux textes : « En prenant l’exemple de camps de rétention précis, tel que celui de Ponte Galeria, Camille Scholl nous permet de nous rendre compte des conditions de vie qui y sévissent. Éloignés des villes, enfermant les migrants dans une profonde solitude, ces camps sont décriés pour leur dureté et leur incapacité à délivrer aux migrants des conditions correctes pour vivre » (Élèves du Club « Prix du livre de géographie » du lycée Les Bourdonnières, Nantes). « Pour les migrantes africaines, la frontière est un couloir, un lieu d’immobilisation. En attendant de pouvoir traverser, ou d’obtenir des papiers et un statut, beaucoup de migrantes y vivent, parfois longtemps, en étant ni tout à fait parties, ni tout à fait arrivées. Par sa durée et son intensité, la vie à la frontière marque ces femmes, et les transforme » (1ère Lycée Fulgence Bienvenüe, Loudéac).

Se rendre compte de cette épaisseur de la frontière, des difficultés du voyage et du temps nécessaire à la traverser a souvent donné lieu à des paragraphes indignés : « Le processus d’attente et de tri pour intégrer l’Europe ainsi que les conditions d’accueil dans les camps de transit sont souvent pour ces migrantes l’occasion de perdre toutes leurs illusions sur le « rêve européen ». Les différentes humiliations comme l’évocation de la douche de la honte à Malte nous plongent à l’intérieur de l’enfer vécu par ses femmes dès leur arrivée dans les lieux d’accueil » (HK Lycée La Perverie, Nantes. « Le livre de Camille Schmoll nous a fortement interpellés, et amenés à réfléchir sur les parcours migratoires, du point de vue des dominées. A rebours des discours médiatiques actuels, le travail de l’auteure accorde une place importante à la parole des principales concernées, des femmes rejetées, reprouvées, véritables “damnées de la mer”. Les nombreux témoignages, si difficiles à dire et à lire, placent les individus au centre de la réflexion, et fait de la géographie une science véritablement humaine. Grâce à elle, nous avons pu ainsi découvrir que les sciences sociales sont des sciences ancrées dans l’actualité, au cœur des enjeux d’aujourd’hui, mais surtout de demain » (1ère Lycée Fulgence Bienvenüe, Loudéac). « Cet ouvrage nous a également permis de lever le voile sur les violences institutionnelles - soulignant l’urgence de la situation - et de prendre consciente de l’ampleur de l’inaction des institutions à différentes échelles : à l’échelle des États européens qui se dédouanent le plus souvent de toute responsabilité ainsi qu’à l’échelle de l’Union européenne avec l’inexistence d’une réelle politique migratoire. C’est un livre qui bouleverse et qui donne envie d’agir : il nous amène à réfléchir aux solutions que l’on peut apporter à notre échelle et nous pousse à sortir de notre zone de confort. L’inaction des États et de l’UE nous scandalise face à tant de vies menacées » (HK Lycée La Perverie, Nantes). « Loin de la déshumanisation qui s’est mise en place dans les médias et les discours politiques, l'œuvre rappelle avant tout que les migrants et les migrantes sont d'abord des êtres humains, qui subissent des épreuves éprouvantes et mènent une vie déplorable et ce souvent dans une grande indifférence » (HK Lycée La Bruyère, Versailles).

Une belle synthèse a été réalisée par les hypokhâgneux du Lycée Léon Blum (Créteil) : « Le propos de l’ouvrage est pertinemment articulé autour de deux objectifs. D’une part, leur donner de la visibilité : c’est ce qui permet de « féminiser le regard », notamment à travers des témoignages poignants, comme celui de Julienne, dès les premières pages du livre. D’autre part, « repolitiser la question du genre » : c’est faire comprendre que la détresse de ces femmes, certes causée par un patriarcat plus qu’oppressant, est maintenue par les politiques migratoires européennes, qui leur coupent les ailes, en quelque sorte. Les enjeux de la question du genre paraissent alors aussi politiques que culturels, ce que Camille Schmoll démontre brillamment ».

Bon nombre de participants ont souhaité que l’ouvrage soit lu par le plus grand nombre : « Décerner le prix du livre de géographie au livre Les damnées de la mer lui permettrait de gagner en visibilité et de permettre à un public encore plus large de découvrir les différents enjeux très importants qui y sont traités, de comprendre la difficile réalité qui nous entoure : donner de la visibilité à un livre aussi accessible en termes de lecture permettrait de sensibiliser un large public aux différents enjeux géographiques sociaux de la crise migratoire (HK Lycée Montesquieu, Le Mans). « Tout le monde devrait lire cet ouvrage pour découvrir les conditions auxquelles les femmes migrantes traversent la Méditerranée. C'est, outre ses qualités, pour donner de la visibilité à ce livre que nous l'avons choisi » (les groupes THGGSP1 et THGGSP2 du Lycée Benjamin Franklin, Orléans). « Le livre de Camille Schmoll constitue donc une occasion pour mobiliser les jeunes lycéens, les interroger sur le monde qui les entoure. Pour finir avec Julienne, comme elle, nous ne pourrons “jamais oublier cette histoire”, Lycée Charles de Gaulle, Londres).

Enfin, nous voudrions retranscrire les mots très forts et émouvants d’une hypokhâgneuse du Lycée Jean Vilar (Meaux), réfugiée syrienne en France depuis cinq ans, que la lecture des Damnées de la Mer a fortement marquée :

« Je ne pourrai jamais oublier cette histoire » (p. 56). Cette phrase m’a rappelé tous les moments traumatisants que j'ai vécus tout au long de mon trajet migratoire de Palmyre en Syrie jusqu’en France. Elle m’a notamment rappelé l'accouchement d'une femme sur la route et l’abandon de son enfant qu’elle ne pouvait plus garder afin de continuer son chemin. Une trace de ces épisodes tragiques vécus sur la route, reste toujours en moi. Elle ne disparaît jamais. Même le temps n’est pas capable de me faire oublier ces moments douloureux de violence et de souffrance.

D'après ma propre expérience qui ressemble à celle de Julienne et à celle de bien d’autres migrantes, la migration, qu'elle soit forcée ou dite volontaire, reste toujours très douloureuse. Dans la mesure où c'est nous qui prenons la décision de partir, la migration peut être considérée comme volontaire, mais cette décision n'est pas tout à fait choisie puisque cette décision est véritablement dictée par des pressions extérieures. Lorsque l'idée de migrer nous vient, il faut savoir qu'il y a plusieurs facteurs externes qui nous contrôlent et qui font naitre chez nous cette volonté. J'entends par facteurs externes la pression des autres, la réflexion prolongée sur notre vie, notre futur et sur ce qui se passe autour de nous à ce moment-là.


Pour terminer, nous voudrions souligner que bien des participants ont souligné l’importance du terrain en géographie (« Nous avons aussi découvert que le travail du géographe était un travail de terrain, un peu comme celui des humanitaires ou des journalistes », 1ères HGGSP Lycée Polyvalent Eugène Woillez, Montreuil-sur-Mer). Les élèves 1ère HGGSP du Lycée Angela Davis (Saint-Denis) ont ainsi mené une « enquête de terrain, inspirée de la démarche de Camille Schmoll qui nous a permis de découvrir des membres de notre entourage sous un autre angle. Certains élèves ont interviewé des proches et ont pu apprendre des choses qu’ils / elles ignoraient auparavant. Ces interviews ont été le cœur d’un travail de plusieurs semaines. Nous avons monté une exposition à partir des histoires des différent.e.s proches interviewé.e.s. Pour donner suite à cela, l’autrice du livre nous a rendu visite. Nous lui avons donc présenté le résultat de nos travaux et avons discuté avec elle du livre, mais également de son métier de géographe ».

Réalité du métier de géographe, et conscience de ce que peut être la géographie : « Si la question des flux migratoires est un thème de géographie, ce livre permet une approche plus riche et d’avoir une ouverture sociologique : de la géographie humaine en fait » (Lycée Vaugelas, Chambéry).

Le dernier mot peut être laissé aux L2 Histoire-Géographie de l’Université Bretagne Sud : « De ce livre, vous ressortirez grandi ».

Les autres livres en compétition ont eux-aussi récolté de nombreux votes !

« Dans Géopolitique des pôles, Frédéric Lasserre, Anne Choquet et Camille Escudé-Joffres brisent la glace et révèlent les enjeux brûlants propres aux régions polaires, peu connus du grand public. En effet, la connaissance de l’Arctique et de l’Antarctique se résume souvent à des souffrances orthographiques lors du parcours scolaire de tout élève. Ce sont des régions, certes en marge, mais en réalité au cœur des préoccupations internationales, entre changement climatique, revendications territoriales et recherches scientifiques. (…) Nous considérons ce livre comme un très bon moyen de découvrir ces régions fascinantes du monde et également de mieux saisir les enjeux du réchauffement climatique ou les défis de la mondialisation que nous vivons. Le lecteur émerge de cette lecture plus averti, non seulement du fonctionnement des régions polaires, mais aussi de celui du monde qui l’entoure et des enjeux politiques qui le dirigent (HK Lycée Faidherbe, Lille). « Géopolitique des pôles permet d’ancrer les enjeux des sommets de notre globe dans la tête du lecteur. Chaque argument est accompagné d’exemples. Ainsi, même si certaines illustrations sont oubliées, le sujet et ses multiples facettes sont compris. Cet ouvrage propose de revenir sur les principaux éléments de cette dynamique géopolitique à l’œuvre dans les régions polaires. Mais cette présentation se fait via différents enjeux (gouvernance des pôles, tensions, activité, etc…) qui sont parfaitement amenés et présentés. La lecture est d’autant plus facile car la structure, qui fait qu’on navigue très bien entre les différents enjeux, laisse le lecteur lire chacune des parties dans l’ordre qu’il veut » (Dallas International School).

Une affiche réalisée par un élève du lycée Thérèse d’Avila (Lille), sur Géopolitique des Pôles.

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Sur « Plouc Pride », notons la belle remarque des étudiants de l’Externat Sainte-Marie (Lyon) : « Si ce n’est pas le livre le plus facile du concours, il s’agit sans aucun doute de l’un des plus intéressants. Il touche directement à des thèmes de société impliquant potentiellement une partie des lecteurs qui, peut-être, se sentiront de près ou de loin, concernés. Nous réapproprier le passé rural et paysan que nous partageons pourrait bien être une porte vers l’avenir et cette idée, cette vision portée par Jousseaume, ne manquera pas de vous intéresser voire de vous passionner ».

Difficile ici de ne pas citer le magnifique acrostiche réalisé par les hypokhâgneux du Lycée Carnot (Dijon)

Pour beaucoup d’entre nous, il nous permit de saisir l’épaisseur historique de cet espace.
Le ton à la fois critique, distancié et ironique nous plut ;
On se sentit considérés, représentés de manière positive et enthousiaste,
Urbains comme ruraux, nous avons échangé, partagé nos points de vue.
C’est le retour des campagnes ?

Parti pris, défense assumée, écrit engagé ? Peut-être.
Récit novateur ? Certains diraient provocateur.
Infra urbains, hypo urbains,
Déconstruisons les discours et les catégories pour mieux appréhender le réel.
Enfin, les campagnes ont toujours été là !


Cette affiche a été réalisée par les Élèves du Club « Prix du livre de géographie » du lycée Les Bourdonnières (Nantes), qui ont en outre rencontré Valérie Jousseaume :

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« Congo », de Roland Pourtier, n’a laissé personne indifférent. « Congo mêle géographie, histoire et récit pour nous transporter avec lui en plein cœur de l’Afrique Centrale, à la manière des premiers géographes » (Lycée Dessaignes, Blois) ; « Congo, arrache le lecteur à sa berge, pour le faire voguer le long d’un fleuve qui semble à nos yeux pleins de mystère » (HK Lycée Descartes, Tours). « Le bassin hydrographique du fleuve Congo, comme le promet le titre, sera la colonne vertébrale du livre, et ne sera pas perdu de vue un seul instant, comme le personnage principal autour duquel l’intrigue se développerait. L'auteur adopte pour son récit un grand nombre d'approches : une approche sous le prisme de la géographie physique et de l'hydrologie, pour définir les caractéristiques purement factuelles du milieu spécifique étudié, mais aussi une approche historique qu’il développe dans le prologue et la première partie, et que resitue cette région dans des contextes historiques plus larges, ceux des grandes explorations, de la colonisation, de l'indépendance. Une approche socio-culturelle est aussi choisie, avec une étude assez poussée des modes de vie traditionnels et de leurs mutations, approche que nous avons trouvé particulièrement intéressante dans la mesure où elle rend concret, incarné ce milieu qui n'est pas purement physique, puisqu'il est avant tout un territoire approprié. Cela se double d'une approche politique, qui s'attache à décrire et à expliquer les constructions étatiques, leur rapport aux fleuves, les coopérations géopolitiques entre les États riverains du Congo, et bien sûr les politiques de développement économique. (…) La lecture de cet ouvrage ne peut rester orpheline, car en plus d'être grandement didactique et enrichissante, elle est une marche vers l'acquisition d'une méthode géographique, d’un appétit pour la découverte géographique et est donc sans aucun doute une très belle manière pour les étudiants de franchir le seuil, pas toujours rassurant, d’une géographie plus scientifique » (HK Lycée Henri IV, Paris). « L’auteur a étudié le Congo pendant plus de 30 ans, et il nous transmet son savoir sous la forme d’un carnet de voyage, cela rend le livre très facile à lire » (L3 Université d’Angers). « Si Roland Pourtier montre à quel point les espoirs et la puissance du fleuve ont pu être contrariés, il cherche aussi à montrer une voie optimiste pour l’Afrique. L’immuabilité du fleuve devrait nourrir la confiance et la résilience des peuples d’Afrique, qui tentent de s’élever et de construire. Ce fleuve constitue le fil rouge, le motif, d’une Histoire complexe, et dont le cours continue, à l’image du cours du fleuve Congo » (Lycée Chateaubriand, Rennes).

L’ouvrage a inspiré de nombreux participants, pour des posters (HK Lycée Millet, Cherbourg-en-Cotentin) ou des couvertures d’ouvrages fictifs sur d’autres fleuves (1ères Lycée Woillez, Montreuil-sur-Mer) :

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Enfin, « Quand la Géo explique le monde », de Thibaut Sardier, a conquis un public nombreux, permettant parfois de surmonter des appréhensions ou des aprioris sur la géographie. Des élèves de terminale (Lycée Gambier, Lisieux) insistent sur le fait que l’ouvrage permet de montrer l’utilité et l’intérêt de la géographie : « La géographie est une science sociale un peu délaissée par le grand public. Aux yeux de beaucoup, elle se révèle peu attrayante. Les grands succès éditoriaux sont au rayon histoire (…). La géographie est pourtant utile pour aborder la complexité et la diversité de notre monde. (…) La démarche de T. Sardier réconcilie ainsi même les plus rétifs à la géographie ».

Une élève de seconde (Lycée Baimbridge, Les Abymes), explique que « ce devient donc un tremplin vers la culture géographique car il permet de découvrir de nombreux sujets tout en nous redirigeant vers des sources qui intéresseraient plus le lecteur ». La facilité d’accès de l’ouvrage a été maintes fois notées, comme par les lycéens du LPO Monge La Chauvinère (Nantes) : « Thibaut Sardier montre une certaine proximité avec nous, lycéens : il nous déculpabilise et se met à notre niveau, en vulgarisant des notions pour être compris par tous tout en faisant preuve de précision. D'autre part, il déconstruit les idées reçues sur la géographie qui ne servirait qu'à énumérer les capitales du monde et les départements en abordant plusieurs thèmes d'actualité dans son livre ouvert à tous ». « Ce livre est une entrée facile dans la géographie. Thibaut Sardier réussit à associer précision et simplicité. Ce travail de vulgarisation géographique est un travail fondamental dans la progression du raisonnement de jeunes lycéens curieux et soucieux d’aiguiser leurs regards sur l’actualité » (Lycée Carnot, Bruay-la-Buissière).

Un livre ouvert à tous, qui cherche donc (et parvient !) à modifier l’image de la géographie : « C’est à un passionnant voyage géographique qu’il nous emmène, loin des représentations traditionnelles d’une géographie rébarbative et vieillotte. La démarche multiscalaire et comparative, et les cartes tracées à la main donnent au livre ce surplus pédagogique qui, ajouté au ton direct et accrocheur de l’auteur et à la qualité graphique et écrite générale de l’ouvrage, en font un parfait outil dans les mains du lycéen. Profond mais jamais complexe, court mais véritablement instructif, il suscite la curiosité sans jamais lasser » (Lycée Français Saint-Louis, Stockholm). « Cet ouvrage représente bien les changements épistémologiques traversés par la géographie, passée d’une “science des lieux” à l’époque de Paul Vidal de la Blanche à une science sociale, où le rôle des acteurs sous toutes leurs formes devient central pour comprendre les évolutions de l'espace » (HK Lycée Giocante, Casabianda).

Les lycéens de Georges de la Tour (Metz) soulignent l’importance des illustrations, omniprésentes dans l’ouvrage : « Nous avons notamment apprécié l’esthétique du livre, ainsi que son aspect ludique et coloré. Il est rempli de croquis fait à la main qui nous ont plongés dans un langage géographique vivant et stimulant. La multiplicité de ses sujets actuels a suscité la curiosité de chacun : la question des migrants, de l’inclusion, de la place de femmes dans la société… Il nous a permis de prendre conscience de la profondeur de la géographie qui touche à tous les sujets de société ».

La multiplicité des thèmes abordés est systématiquement soulignée : « Thibaut Sardier manie la géographie sociale, culturelle et la géopolitique dans un très bon livre, qui permet de s’instruire sans être enseveli sous trop d’informations, et sur des sujets variés que nous connaissions plus ou moins, mais dont on ne parle pas forcément ou pas assez. Cet ouvrage de géographie nous a donc paru comme étant le plus complet, le plus pertinent, le plus facile ludique, et le plus facile à comprendre des ouvrages de géographie. Parce qu’il nous permet d’avoir une autre vision de la géographie dans le monde, nous l’avons choisi ! » (Lycée de la Côtière, La Boisse).

Réflexion des élèves du LPO Monge-La Chauvinière (Nantes) sur leur établissement, à partir de l’ouvrage de Thibaut Sardier et création d’une couverture pour l’ouvrage de Thibaut Sardier le groupe HGGSP / HLP du lycée Carnot (Bruay-la-Bussière).

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Une belle synthèse des points forts de l’ouvrage : « Il est vraiment ressorti que ce n’était pas une géographie scolaire habituelle. L’originalité ne s’arrête pas aux sujets traités et à la mise en page, mais aussi à la présence de nombreux croquis crayonnés faciles à interpréter, reproduire et à imaginer sur d’autres sujets étudiés en classe. Ils ont en effet désinhibé certains d’entre nous avec cette pratique. Thibaut Sardier rend ainsi la géographie accessible et ludique. (…) Nous conseillons donc cet ouvrage comme un livre de bienvenue dans la géographie en tant que discipline qui étudie les territoires et l’organisation de ces derniers par les êtres humains. L’accessibilité du livre, rendue possible par la mise en page, les couleurs, les sujets traités et les pistes de lecture proposées, est vraiment pour nous qui sommes en première spécialité HGGSP, le point fort de cette œuvre. Nous aurions tendance à le conseiller à toute personne, même non initiée souhaitant s’intéresser un peu à la géographie ou voulant s’offrir des pistes de lectures novatrices et plus originales que celles trouvées dans les médias traditionnellement » (Lycée Maurice Ravel, Saint-Jean-de-Luz). En version courte, cela donne la phrase claire et limpide des étudiants en géographie à l’Université de Lorraine : « C’est enfin un ouvrage où la géographie est vivante ! »

 

Des ouvrages, des lectures, des rencontres... pour des élèves investis

Montrer que la géographie est vivante, variée, qu’elle peut être engagée, féministe, sociale, politique, intéressante, utile, humaine, ancrée dans l’actualité et des enjeux aussi bien locaux que mondiaux, tel est l’objectif du Prix.

Les apports de la participation au Prix ont été soulignés dans quelques textes, comme celui des élèves de 1ères HGGSP du Lycée Polyvalent Eugène Woillez (Montreuil-sur-Mer) : « La participation au Jury du Livre de Géographie a fait évoluer la perception de beaucoup d’élèves sur cette matière. Nous nous sommes rendus compte de la diversité des thèmes possibles et peu ou jamais étudiés dans les programmes scolaires » ou encore celui des 1ères HGGSP du Lycée Paul Robert (Les Lilas) : « La participation au Prix du Livre a été enrichissante. Elle exige beaucoup de concentration et une immersion totale pour aborder des ouvrages complexes, mais c’est une expérience inédite. Pour nous, élèves de 1ère : nous n’avions jamais lu de tels ouvrages, et cela n’a pas toujours été facile. Cela reste une belle expérience qui nous permettra d’être moins intimidé à l’avenir face à ce type d’ouvrage ». Un bilan positif donc, qui débouchera peut-être sur de futures lectures, voire des vocations ? « Nous aimerions beaucoup lire de (futurs ?) travaux de recherche de C. Schmoll sur la question des migrantes ukrainiennes : quels parcours ? Quelles errances ? Quels soutiens ? Quelles différences ? » (HK Lycée Henri IV, Béziers).

Nous remercions les auteurs, qui ont pris le temps d’échanger (en visio ou en présentiel) avec de nombreuses classes. Nous allons tout mettre en œuvre pour faciliter ces rencontres pour l’édition 2023 !

Visio de Camille Schmoll avec les élèves du Lycée Fresnel, Bernay et avec Thibaut Sardier avec les élèves du Lycée de la Côtière, La Boisse.

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Envie de tenter l’aventure du Prix du Livre de Géographie des Lycéens et Étudiants en 2023 ?

Voici le lien pour les inscriptions (attention : celle-ci doit être faite par l’enseignant porteur du projet) : https://forms.office.com/r/iUfLbz7Vu3

- Année scolaire 2021-2022 : pré-sélection des ouvrages.
- Au plus tard en septembre 2022 : sélection définitive des ouvrages, annonce de la sélection sur les sites partenaires.
- Inscription des participants au plus tard le 31 octobre 2022.
- Lecture des ouvrages et rédaction des textes jusqu’en mai 2023.
- Recueil des votes le 31 mai 2023 dernier délai.
- Traitement des votes en juin 2023, annonce des résultats.
- Remise du prix lors du Festival International de Géographie de Saint-Dié-des-Vosges 2023 (octobre).

 

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L’organisation du Prix bénéficie du soutien du Festival International de Géographie de Saint-Dié-des-Vosges, de l’Inspection Générale d’Histoire et de Géographie, de l’Association des Professeurs de Géographie en Classes Préparatoires aux Grandes Écoles (AP-Géo), de l’Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie (APHG), des Clionautes, de l’Association de Développement du Festival International de Géographie de Saint-Dié-des-Vosges (ADFIG), de l’Association des Géographes Français (AGF), du Comité National Français de Géographie (CNFG), de l’Association des professeurs de classes préparatoires littéraires (APPLS), de Géoconfluences, de Géographies en mouvement, de la Géothèque, des Cafés Géographiques, de l’Association fédérative Nationale des Étudiant.e.s en Géographie, aménagement, urbanisme et environnement (AFNEG), de la Société de Géographie, de l’Association des Professeurs de géographie du tourisme (APROGET), du Printemps des Cartes de Montmorillon, du Crédit Mutuel Enseignant de Metz et de la Ville de Metz. 

 

Pour le comité de sélection, Maie Gérardot, professeur de géographie en CPGE au Lycée Georges de la Tour, Metz.