Michel Agier

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Michel Agier est anthropologue, Directeur d’Études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) où il est membre du Centre d’études des mouvements sociaux (CEMS), et Directeur de Recherche émérite à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD). Il étudie les relations entre la mondialisation, les mobilités et la formation des villes. Il mène, depuis 2000, des recherches de terrain en Afrique, au Proche-Orient et en Europe sur les situations de frontières, les réfugiés et migrants.

Il a coordonné le programme « Babels – La ville comme frontière » (Agence Nationale de la Recherche, 2016-2019) et a dirigé le département Policy de l’Institut Convergences Migrations (ICM) de 2018 à juin 2022. Il est par ailleurs le fondateur et co-directeur de la revue Monde commun : des anthropologues dans la cité, éditée aux PUF, depuis 2018.

Photo : Marchadour_Seuil

 

Bibliographie sélective 

la peur des autres

« La peur des autres. Essai sur l’indésirabilité »
aux éditions Rivages

 

Partout la relance des politiques nationales de sécurité, voire d’immunité, encourage le repli sur soi, l’indifférence et, plus encore, la peur des autres. À l’heure de la globalisation, l’étranger n’existe plus que sous la forme de l’indésirable. Tout ce qui est désirable est rendu proche, acceptable et vite familier, le reste est dérangeant, jetable, et peut être abandonné. Mais l’espace du désirable, du même et du familier diminue avec les nouvelles peurs. L’indésirabilité et la haine de l’autre gagnent du terrain et réduisent la possibilité d’une vie commune aux échelles locale ou planétaire. Comment sortir de cette impasse dont les effets ultraréactionnaires sont déjà à l’œuvre sur tous les continents ? La réponse est essentiellement politique et anthropologique, elle consiste à tracer des lignes entre toutes les échelles de la vie commune et à repenser la solidarité comme principe de monde commun du plus proche au plus lointain.

 

 

 

 

l etranger qui vient

« L’étranger qui vient. Repenser l’hospitalité »
aux éditions Seuil

 

La condition d’étranger est appelée à se répandre. Mais la mobilité que l’on se plaît à célébrer se heurte aux frontières que les États-nations dressent face aux « migrants », traités en ennemis plutôt qu’en hôtes. Mis en demeure de pallier l’hostilité de leurs gouvernants, beaucoup de citoyens se sont retrouvés acculés à faire quelque chose : accueillir, nourrir ou transporter des voyageurs en détresse. Ils ont ainsi réveillé une vieille tradition anthropologique qui semblait endormie, celle de l’hospitalité. Cette façon d’entrer en politique par la petite porte de chez soi qu’on ouvre montre toutefois ses limites. Chaque hébergement est une goutte d’eau dans l’océan de l’errance globale et la faveur dont procèdent de tels gestes ne saurait durablement faire office de sauf-conduit. Michel Agier nous invite à repenser l’hospitalité au prisme de l’anthropologie, de la philosophie et de l’histoire. S’il en souligne les ambiguïtés, il révèle aussi sa capacité à déranger l’imaginaire national. Car l’étranger qui vient nous demande de penser autrement la place de chacun et chacune dans le monde.